Un enfant prodigue rentre à la maison

Mon retour à l'Eglise Catholique

Introduction

L'enfant prodigue - RembrandtCeci est l'histoire de mon retour à l'Eglise Catholique. Je vais essayer d'expliquer comment mon cheminement avec le Seigneur m'a conduit pendant ces dernières années à cette décision importante et difficile mais qui cependant me met dans la paix et la joie. Je m'adresse à mes amis Chrétiens Evangéliques aussi bien que Juifs Messianiques en Israël et particulièrement à ceux qui n'arrivent pas à croire qu'on peut être un vrai croyant et un catholique en même temps. J'écris aussi ces lignes comme un témoignage personnel adressé aux nombreux, bons et fidèles amis que j'ai eu la grâce de me faire pendant ces années tout autour du monde et qui pourraient être intéressés par mon chemin de foi. C'est à eux que je dédie cet essai et je prie que tout cela nous aide à grandir dans l'unité de cet amour et de cette adoration du Roi des rois.

D'abord une définition des termes employés : même si beaucoup de « croyants » (au sens évangélique quand il sera entre parenthèses, NDT) n'aiment pas être étiquetés dans une dénomination spécifique, ce sera pourtant nécessaire dans cet essai pour des besoins de clarté. J'utiliserai le terme Evangélique pour désigner des non-catholiques chrétiens qui croient que la vérité unique et définitive ne peut se trouver que dans la Bible et dans la Bible seulement. Cette définition inclut généralement à la fois des « croyants en la Bible » (Bible-believing) et des chrétiens « Nés-à-nouveau » (Born-again), des fidèles des Eglises pentecôtistes et des messianiques, aussi bien des Juifs que des Gentils. Au contraire, j'utiliserai le terme « Protestant » à de rares occasions seulement car il recouvre des dénominations libérales qui remettent parfois en question et même parfois rejettent les fondamentaux mêmes de la foi chrétienne. Pour ceux enfin qui ne seraient pas familiers du judaïsme messianique, Yeshua est le nom hébreu pour Jésus et le Tanakh celui de l'Ancien Testament et j'utiliserai volontiers ces deux noms.

Cet essai n'a pas la prétention d'être un travail apologétique exhaustif couvrant et argumentant tous les points litigieux que les Evangéliques et les Messianiques peuvent avoir contre l'Eglise Catholique. Il m'est quasiment impossible de résumer les centaines d'heures que j'ai consacrées à lire, à méditer et à prier avant de prendre cette décision. Mon objectif est de clarifier certains malentendus qui courent les rues à propos du Catholicisme et de montrer non seulement la validité de ce chemin de foi mais que de fait il s'agit de celui qui est le plus proche de la Bible et de l'expression juive de la foi en Yeshua.

Pour être honnête, mon retour à l'Eglise Catholique a été un chemin difficile, semé d'embûches, pénible et souvent dans la solitude. C'est pourquoi je fais volontiers miennes les paroles de Scott Hahn, qui s'est converti de l'Evangélisme Protestant au Catholicisme et qui écrit dans la préface de « Surprised by Truth » : « Je revois ce long voyage que j'ai fait jusqu'à Rome à la fois comme l'histoire d'un mystère, comme un récit d'horreur, et comme un roman d'amour. Il arrive qu'être surpris par la vérité soit d'abord être épouvanté par la vérité. L'Eglise Catholique est-elle dans la vérité ? Dans l'entièreté de la vérité ? Le simple fait de se poser ces questions donne la nausée à un Protestant Evangélique droit dans ses bottes et ses certitudes bibliques et à qui on a appris, pour beaucoup à partir de préjugés et de méconnaissances qu'un Catholique n'est même pas un Chrétien. Mais comme Hahn et bien d'autres, j'en suis arrivé à me rendre compte que ce qui m'apparaissait comme la religion la plus éloignée de la Bible qui puisse être est de fait « L'Eglise » de la Bible. Maintenant suivez-moi dans mon témoignage.

Ma jeunesse comme Catholique par tradition familiale

Je suis né dans la banlieue d'Ottawa au Canada. Mes parents ont fait de leur mieux pour m'apprendre les bases de la foi Catholique - leur héritage spirituel en tant que Canadiens d'origine Française et Italienne. J'ai le souvenir d'une foi sincère en Dieu comme adolescent. Mais ce n'était pas facile de garder les valeurs Chrétiennes dans un monde sécularisé largement éloigné de Dieu. Je lisais parfois les Evangiles et j'étais impressionné par la vie et les enseignements de Jésus. Je crois d'ailleurs n'avoir jamais mis en doute leur authenticité, même si je ne comprenais pas l'œuvre rédemptrice de Jésus. Je me rappelle avoir prié régulièrement et de tout mon cœur. Cela me paraissait évident que Dieu était bien présent pour m'entendre quand je m'adressais à Lui.

Mes rapports à l'Eglise étaient cependant plus difficiles. Alors que Dieu était pour moi un ami précieux à qui je pouvais accorder ma confiance, j'avais plus de difficultés à admettre ce que la fréquentation de l'église pouvait avoir d'important dans la vraie vie. Certes j'appréciais l'ambiance des Messes de Noël et de la Vigile de Pâques, avec ces hymnes et ces chants que l'on chantait pour célébrer la venue du Sauveur et Sa Résurrection. Mais, à part ces occasions, la Messe m'apparaissait comme un rituel ennuyeux et vieillot, totalement découplé de la réalité. La plupart des fidèles présents étaient des personnes âgées et les rares jeunes que j'y côtoyais semblaient partager mon ennui.

Pour ce qui était de la morale, j'étais encore plus désorienté. Alors que mes parents m'avaient clairement inculqué le sens du bien et du mal, je découvrais que le monde n'en tenait aucun compte et que cette indifférence ne leur procurait d'ailleurs que du bonheur. Tout doucement j'en vins à la conclusion peu réjouissante que je devais choisir entre deux options : soit je profitais de la vie et j'aurais à le payer en enfer ensuite, soit je renonçais à tout ce qui pouvait me procurer du plaisir et je choisissais un mode de vie conforme à la religion, monotone et sans saveur mais qui me permettrait de « gagner mon ciel ». Ni l'une ni l'autre de ces options ne m'attirait particulièrement. Je voulais profiter d'une vie épanouissante mais le Catholicisme, dont la rationalité me semblait parfois douteuse, m'imposait des contraintes et me donnait des remords lourds à porter.

Rétrospectivement, je me demande parfois si cela aurait été possible que je ne perde pas la foi pendant ma jeunesse. Certes il m'a manqué d'avoir quelqu'un qui aurait pu répondre à mes questionnements et m'expliquer les fondements profonds de ma foi. Mais je pense que le vrai problème n'était pas là mais dans le fait que pour moi le Catholicisme était une collection d'interdits et de contraintes plutôt qu'un chemin pour rencontrer l'amour inconditionnel de Jésus. Sans une relation vivante avec Lui et la puissance vivifiante de son Esprit Saint, il était à peu près inévitable qu'un jour j'en arrive à rejeter le carcan de cette religion institutionnelle.

Ceci dit, si je me détournai du Seigneur pendant ma jeunesse, ce fut certainement pour la plus classique des raisons, pour celle commune depuis toujours à toute l'humanité. Attiré par les illusions du péché qui fait que « le jour où vous en mangerez, vos yeux s'ouvriront, et vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal » (Gen 3,5-6), je succombai à la tentation de m'enfuir en tournant le dos à Dieu et à son amour. Au fur et à mesure que mon amour s'éloignait du havre de Son Amour, en cherchant la liberté sur les chemins de traverse et en croquant la vie, je me construisais ma propre prison, dont je ne pus sortir à terme qu'en me laissant porter sous l'ombre de Ses ailes quelques années plus tard.

Un exil en Europe

En 1993, je m'installai à Graz en Autriche pour y poursuivre des études de musique. Je décidai d'effectuer une « remise à zéro » de mes croyances religieuses et de me donner quelques années pour me débarrasser des influences subies en tant qu'enfant et penser par moi-même. Je continuais à aller de temps en temps à la Messe pour « donner à l'Eglise une dernière chance », mais je ne fus aucunement convaincu. Je n'y distinguais plus que la stérilité des rites et la tiédeur des fidèles et en gros rien ne m'y attirait plus.

L'humanisme par contre était devenu ma « religion ». N'étant pas bien certain de l'existence et de la volonté de Dieu, je décidai que mon objectif sur la terre serait, non pas de souscrire à des croyances ou de satisfaire à des rites, mais bien plutôt de participer au bien commun de l'humanité. Bien que bénéficiant d'une vie heureuse, j'étais conscient du vide que l'absence de Dieu mettait dans mon cœur.

Fort de cette motivation, je décidai de partir avec une ONG chrétienne en Croatie et en Bosnie alors en guerre. Je m'y rendis pour de courtes périodes pendant les vacances scolaires entre 1993 et 1995. Le fait de venir en aide à des réfugiés de guerre devint fut pour moi un élément déterminant dans ma vie. Comme je constatais l'étendue de leurs souffrances, je ressentais mon impuissance à leur venir en aide. Quelque bonnes que soient mes intentions, jamais une aide humanitaire uniquement matérielle ne pourrait remplacer ce qu'avaient perdu ces pauvres gens, ne pourrait leur restituer leur dignité ou leur redonner une espérance durable. Il me semblait que je n'avais rien à leur offrir. De plus, au lieu de combler le vide de mon cœur, cette expérience ne faisait que l'augmenter. Ma conscience était sans repos alors même que je travaillais si dur à de si bonnes œuvres, car plus j'en faisais plus je devenais conscient de tout ce qu'il aurait fallu pouvoir faire.

Et pourtant je constatais que les Chrétiens avec qui je travaillais avaient des solutions à ces impasses. Ils ne travaillaient pas pour se racheter de mauvaises conduites et pour tranquilliser leurs consciences. Ils avaient déjà trouvé la paix avec Dieu, et ce qu'ils faisaient était comme le prolongement de leur relation intime ave le Christ. De plus, ils pouvaient offrir aux réfugiés beaucoup plus qu'une aide matérielle, ils pouvaient leur proposer l'Amour de du Christ. Le message qu'ils leur apportaient pouvait guérir la personne dans sa totalité, pouvait soigner les cœurs blessés et leur redonner l'espérance réelle et tangible qui leur manquait.

A mon retour en Autriche, après cette expérience traumatisante, j'étais perdu et totalement désorienté. J'avais été confronté à tant de souffrance qu'il me paraissait presque impossible de continuer ma vie « normale » et égoïste d'étudiant en musique. J'avais besoin de Dieu, comme ces réfugiés. Cependant je ne voyais pas comment une Eglise froide et impersonnelle pouvait changer quoi que ce soit à leur vie comme à la mienne. Les fidèles que j'avais côtoyés toute ma vie ne semblaient pas plus heureux que mes amis athées ou agnostiques.

Mon cheminement avec le Protestantisme Evangélique

Tout ce qui précède changea radicalement à l'automne 1995, quand je commençais à aller à une petite église Evangélique de Graz. Les premières fois je ne me rendis même pas compte que ce n'était pas une église Catholique. Mais j'appréciais. Les gens avaient une prière spontanée et chantaient des chants modernes dont je me sentais proche. L'ambiance était joyeuse, informelle et contrastait singulièrement avec la rigidité convenue des églises auxquelles j'avais été habitué. De plus, chacun venait avec sa Bible pour les offices et il leur arrivait même de s'en servir ! On nous encourageait avec dynamisme à mettre en pratique dans nos vies la Parole de Dieu, ce qui fut pour moi une habitude nouvelle qui ne tarda pas à produire des fruits bien visibles.

A peine avais-je commencé à fréquenter cette église qu'un jour un sermon bouleversa ma conception de Dieu. Le pasteur me disait clairement que Jésus m'aimait au point d'être mort pour moi, afin de me racheter de mes péchés. Voilà qui n'était pas une formule abstraite, mais quelque chose de très concret qui pouvait bien bouleverser ma vie. Quelqu'un - disait-il - est sauvé par sa foi en l'œuvre rédemptrice de Jésus sur la croix et non pas par ce qu'il peut faire en bonnes actions. Ces mots extraits de l'épître aux Galates vinrent me toucher au plus profond du cœur. Voilà donc, me disais-je, pourquoi je ne pouvais trouver la paix avec Dieu à laquelle j'aspirais. J'avais essayé de faire les choses par moi-même plutôt qu'en me remettant avec confiance à ce qu'avait réalisé une fois pour toutes le Christ sur la Croix ! Il fallait que je « naisse à nouveau » que je devienne un « born-again » en « recevant Jésus-Christ comme mon Seigneur à moi et mon Sauveur » et alors j'aurais l'assurance d'être pardonné et d'être sauvé, disait le prédicateur. Quand on en arriva à « l'appel à l'autel », je fus le premier à m'approcher pour « recevoir le Seigneur » et je commençai alors une vie toute entière consacrée à Lui.

Quand mes parents entendirent parler de mon zèle nouveau pour Dieu, je fus surpris de constater qu'au lieu de s'en réjouir ils me reprochaient « d'être devenu Protestant ». Bien que comprenant aujourd'hui leur point de vue, qui est juste dans les principes, je dois dire que je ne l'ai jamais ressenti comme cela. A mes yeux, je ne me suis pas converti du Catholicisme au Protestantisme, mais bien plutôt d'un certain agnosticisme indifférent à un Christianisme vivant.

Cette foi toute neuve au Christ au sein de l'Evangélisme devait radicalement transformer ma vie dans les trois années qui ont suivi où je fréquentais cette petite église en Autriche. J'y acquis des principes spirituels qui constituent encore les bases solides de ma foi actuelle et c'est la raison pour laquelle je serai toujours infiniment redevable au Christianisme Evangélique. C'est là que j'expérimentai la puissance transformante de Jésus-Christ qui m'aime et qui est mort pour moi afin que je puisse vivre maintenant pour Lui. J'y appris à aimer et à goûter les Saintes Ecritures, à les recevoir comme étant la Parole de Dieu et à les scruter avec intelligence et assiduité. Au sein du Christianisme Evangélique je me mis à « marcher selon la foi et non plus selon mes propres vues » et à faire confiance à un Dieu bon et tout-puissant en toutes circonstances. Je compris l'urgence de l'appel de Jésus à « faire des disciples de toutes les nations », dans ce monde perdu et assoiffé de l'amour de Dieu. J'y appris la puissance de la prière, la joie et la liberté que donnent la louange et l'adoration et la réalité du combat spirituel contre les pouvoirs du mal, et enfin les charismes, dont le don de prophétie. Je lisais à peu près tout ce que je pouvais trouver et particulièrement des livres d'apologétique. J'étais vraiment un adepte passionné de l'Evangélisme et je voulais être certain de pouvoir « rendre compte de l'espérance qui était en moi » (1P 3,15)

Une réaction anti-catholique

Cependant ma conversion au Christ à travers le Christianisme Evangélique avait inéluctablement un effet collatéral. Je me demandais comment j'avais pu ne pas trouver le Christ vivant pendant ces vingt années où j'allais à la messe tous les Dimanches. Qu'était donc cette institution religieuse dans laquelle j'avais évolué et où toute authentique relation d'amour avec le Père était tragiquement absente ? Quelque chose clochait et au fur et à mesure que lisait l'Ecriture, j'en arrivais progressivement à me convaincre qu'il y avait quelque chose de terriblement dévoyé chez les Catholiques.

Des questions m'apparaissaient : Comment ne m'avait-on jamais expliqué que je devais « naître à nouveau » pour recevoir la vie éternelle ? Comment pouvait-on porter tant d'attention à Marie et aux saints dans l'Eglise Catholique alors que la Bible dit clairement que le Christ est l'unique médiateur entre Dieu et les hommes ? Comment se faisait-il que l'on rencontrait des gens qui apparemment priaient des statues en totale infraction avec le second commandement ? D'où avait pu sortir l'idée d'un purgatoire alors que nulle part dans la Bible il n'en est fait mention. A quoi donc pouvaient servir toutes ces règles, ces obligations, ces sacrements que je devais suivre, assurer, recevoir, alors que la Bible annonçait vigoureusement que seule la foi pouvait nous sauver grâce à l'œuvre rédemptrice du Christ et non pas par nos œuvres ? Pourquoi s'intéresser à un Pape alors que le Christ est l'unique chef de Son Eglise ? Pourquoi baptiser des nouveau-nés alors qu'ils sont incapables de prendre une décision personnelle de foi en connaissance de cause ? Comment peut-on parler de Sacrifice de la Messe, alors que la Bible affirme que le Sacrifice du Christ sur la croix fut une fois pour toutes un sacrifice unique et plénier ?

Je ne connaissais aucun Catholique en mesure de me fournir des réponses solides à toutes ces questions. En conséquence, fort de ce que me disaient mes amis Evangéliques et des lectures auxquels j'avais accès, je me confortai dans la conviction que le Catholicisme avait depuis longtemps perverti la foi biblique et était devenue une apostasie construite à partir de traditions humaines plutôt que sur la Parole de Dieu. Cette conclusion s'appuyait par ailleurs sur ce qui avait été mon expérience personnelle des Catholiques côtoyés pendant ma vie. La plupart d'entre eux m'étaient apparus comme des tièdes à la foi affadie par le relativisme et les autres à l'inverse comme des sclérosés enfermés dans un système légaliste fermé et inflexible. Je ne comprenais pas très bien comment l'Eglise pouvait d'ailleurs aboutir à deux extrêmes aussi éloignés l'un de l'autre, mais qui dans les deux cas étaient complètement dépourvus de la vitalité du Christ. Je finis par être persuadé que pour être un bon Chrétien, non seulement je devais prêcher la Bonne Nouvelle, mais aussi mettre en garde les pauvres Catholiques qui s'égaraient dans une religion éloignée de toute vérité.

Israël et le Messianisme Juif

En 1998, j'avais terminé mes études de musique en Autriche et je déménageai pour Israël ou j'entrepris des études théologiques à l' « Israel College of the Bible ». Le fait d'étudier en Israël et de découvrir le Judaïsme m'ouvrit à un monde qui m'était totalement inconnu. Jusqu'alors ma foi avait été basée principalement sur les Evangiles et le Nouveau Testament. Bien qu'ayant lu la plus grande partie de l'Ancien Testament, ce message restait pour moi quelque chose de dépassé que la Nouvelle Alliance avait remplacé. Or le fait de vivre à Jérusalem au milieu du peuple juif me força à admettre que la Torah et le Tanakh (Ancien Testament) sont vivants et bien vivants encore aujourd'hui.

Je constatais l'accomplissement de la Promesse de Dieu avec le retour du peuple Juif sur la terre d'Israël après 2000 ans d'exil. Plus impressionnant encore, j'expérimentais la renaissance spirituelle d'Israël avec la croissance de la Communauté Messianique des Juifs qui reconnaissent leur Messie Yeshua, tout en souhaitant garder, affirmer et vivre de leur judéité. Je commençai à comprendre la continuité qu'il y a entre le Judaïsme et le Christianisme et combien le Christianisme est enraciné dans la judéité. Je prenais conscience de la nécessité pour des « gentils » comme moi de se garder d'une attitude arrogante à l'égard du peuple Juif et au contraire de profiter de ce que ce peuple avait à nous apprendre. Au fur et à mesure que je réalisais que l'attitude la plus authentiquement juive était de croire en Yeshua, je réalisais aussi qu'un Chrétien digne de ce nom se devait d'apprendre à aimer le peuple Juif.

Cependant, ce premier contact avec le Judaïsme et le Messianisme juif ne devait certes pas contribuer à réhabiliter à mes yeux l'Eglise Catholique. Au contraire j'étais confronté à l'histoire bien sombre et à la responsabilité de celle-ci vis-à-vis du peuple Juif. J'étais bouleversé de découvrir combien les croisades, l'inquisition, les pogroms et la Shoah étaient encore de vivants cauchemars dans la mémoire de la Nation Juive. Et le pire était que chacune de ces horribles tragédies était d'une façon ou d'une autre associée au Christianisme et à Jésus-Christ lui-même.

Je compris vite comment l'antisémitisme avait souvent grandi sur le terreau de cette erreur doctrinale que fut la « théologie de la substitution », cette idée selon laquelle l'Eglise aujourd'hui aurait remplacée Israël comme étant le nouveau Peuple Elu. En conséquence, je devins un ardent Sioniste Chrétien, convaincu maintenant que l'Alliance divine et les promesses faites à Abraham, Isaac et Jacob restaient toujours aussi valides. Il me parut évident - et je le pense toujours - que les Juifs sont pour toujours le peuple élu par Dieu bénéficiaires de la promesse qu'Il leur fit de rendre la terre l'Israël à leur descendance comme à des héritiers pour jamais, et que ce fait reste toujours le plus grand témoignage de la fidélité du Seigneur à l'égard du peuple juif.

Après une année d'études et étant arrivé à une nouvelle compréhension d'Israël, j'eus la chance de travailler pour l'Ambassade Chrétienne à Jérusalem, une organisation Sioniste Chrétienne de soutien à Israël qui pratiquait une pédagogie adéquate pour amener des chrétiens à cela. Ceci se prolongea jusqu'en Mars 2001, date à laquelle je décidai de quitter Jérusalem et de déménager pour Tel Aviv pour travailler avec une communauté Messianique à des activités d'évangélisation.

Pourquoi chercher plus loin ?

Arrivé à ce point, on pourrait penser que j'avais acquis des convictions théologiques relativement stables et bien établies. J'avais mis en place une relation vivante avec le Messie, j'en étais arrivé à aimer Son Peuple comme étant le mien ; j'étais conscient de l'immense privilège que c'était de vivre en son sein et de partager avec eux à propos de Yeshua. Mon point de vue sur le catholicisme semblait par contre avoir atteint un sommet de dépréciation irréversible. Non seulement, pensais-je, cette religion avait perdu ses liens avec la Bible et avec les racines du judaïsme, mais elle était devenue plus païenne que chrétienne jusqu'à atteindre ce paroxysme inouï d'en être venus à persécuter le Peuple de Dieu lui-même au nom d'un Messie qu'ils s'étaient approprié !

Ayant trouvé tant de richesses chez les Evangéliques et chez les Juifs Messianiques et tant de mauvaises choses chez les Catholiques, qu'est-ce qui a donc bien pu changer ainsi drastiquement mon cœur et mon intelligence en quelques mois ? Si j'ai décrit en détail l'évolution de mes opinions c'est pour montrer que ce ne peut être qu'un miracle qui m'a ramené à la foi catholique. De plus l'environnement qui était alors le mien ne pouvait être moins favorable à un tel retour à l'Eglise. Quelle ironie que de revenir à l'Eglise Catholique alors que je vivais et que je travaillais à Tel-Aviv dans un environnement très anticatholique. Dieu n'est pas dépourvu d'humour… En tout cas, j'en étais arrivé à vouloir fermer radicalement et définitivement la porte au Catholicisme ; je n'avais plus, et ce simplement par acquit de conscience, qu'à régler définitivement l'ensemble des points de litige avant d'enfoncer le dernier clou dans le couvercle du cercueil de cette religion. Car de fait il restait bien quelques points irritants à résoudre.

Premier point : j'avais rencontré quelques vrais Catholiques croyants. J'avais croisé des charismatiques catholiques chez qui on pouvait constater une véritable rencontre avec le Seigneur. Je me rappelle les avoir harcelé à propos de la Messe et de Marie, et bien que leurs explications n'aient pas brillé par la clarté, leur vie même, leur humilité, leur amour témoignaient de leur foi au Christ. J'avais aussi rencontré de vrais croyants catholiques en Israël. Et puis bien entendu il y avait la foi sincère de mes parents. Tout cela m'ennuyait, car le simple fait que de tels fruits pouvaient être produits au sein de l'Eglise Catholique m'empêchait de pouvoir déclarer catégoriquement démoniaque cette religion.

Deuxième point : Je ne pouvais m'empêcher d'être impressionné par la solidité doctrinale des fondamentaux de la Foi Chrétienne, tels qu'ils étaient enseignés par l'Eglise Catholique (et parfaitement exprimés dans le Credo de Nicée). Il était indubitable que l'Eglise avait gardé et défendu pendant 2000 ans les doctrines essentielles de la foi Chrétienne, telles que la foi en Dieu Trinitaire, la naissance virginale de Jésus, la mort rédemptrice du Christ, sa Résurrection, et son retour attendu dans la gloire. Cela me semblait bizarre qu'une Eglise dévoyée puisse cependant prêcher avec autant de constance et de fermeté autant de vérités. En parallèle, les enseignements de l'Eglise en matière de morale n'avaient pas leur équivalent ailleurs. Aucune autre Eglise n'avait maintenu de telles exigences morales pour sauvegarder la dignité humaine. Seule l'Eglise Catholique n'avait jamais accepté de transiger sur des sujets aussi controversés que l'homosexualité, l'avortement, les relations sexuelles hors mariage, l'euthanasie, le divorce et la contraception. De la même façon, aucune autre Eglise n'avait jamais fourni tant de figures remarquables de saints et de saintes, d'exemples de sainteté qui avaient donné leurs vie par amour de Dieu et de leur prochain.

Troisième point : J'étais très surpris malgré tout par le genre d'anticatholicisme que je rencontrais. Souvent c'étaient des jugements de valeur empreints d'affectivité et quelque peu superficiels. Je comprenais bien que cette hostilité s'expliquait par une histoire douloureuse, mais je peinais à trouver des arguments qui soient basés sur une connaissance sérieuse et rationnelle de la théologie Catholique. Certes je ne peux juger une telle attitude hostile et superficielle, moi qui suis tombé dans le même piège par zèle pour l'Evangile et dans un certain aveuglement en ce qui concerne les enseignements de l'Eglise. Et parfois il me semblait que d'attaquer l'Eglise Catholique était prioritaire avant même de porter sur Elle le regard d'amour de Yeshoua. Pourtant, que cette attitude n'était pas inspirée du Saint Esprit. Plus profondément encore, j'étais ennuyé par le fait que d'un côté il y avait sans conteste des Catholiques pratiquants qui vivaient une vie exemplaire, tout en étant persuadés que l'Eglise Catholique était vraiment l'Eglise du Christ dont lui-même avait établi les fondations, et de l'autre des Evangéliques ou des Juifs Messianiques qui avec la même sincérité et avec véhémence proclamaient que l'Eglise Catholique était l'œuvre du démon et que le Pape était n'était autre que l'Antéchrist. Comment des personnes sincères pouvaient-elles dans la foi arriver à des conclusions aussi contradictoires ? Qui d'entre elles avaient raison ? N'y avait-il pas un juste milieu ?

Quatrième point : Je commençai à être mal à l'aise avec de nombreux points de l'Ecriture qui trouvaient difficilement une explication dans la perspective « Protestante ». Pourquoi Jésus insiste-t-il si fortement dans le chapitre 6 de St Jean en disant qu'il faut « manger sa chair et boire son sang pour avoir la vie éternelle » ? Où était Jésus quand il alla « prêcher aux esprits en prison » 1P 3,19 ? Pourquoi donna-t-il le pouvoir à ses disciples de « pardonner les péchés ». À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus. » Jn 20, 23 ?

J'étais mal à l'aise, mais cela ne fit qu'empirer quand je suivis des cours d'histoire de l'Eglise primitive. A ma grande surprise il s'avéra que les premiers écrits chrétiens rendaient compte de pratiques et d'expression de la foi étrangement semblables aux pratiques et aux expressions de la foi des Catholiques contemporains. De fait, notre professeur Protestant, pourtant totalement étranger à toute optique prosélyte catholique, soutenait ouvertement cette similitude. Je rédigeai alors un texte sur le développement de la doctrine de l'Eucharistie et ce faisant découvrit à ma grande inquiétude que les premiers Chrétiens croyaient vraiment en la Présence Réelle du Corps et du Sang du Seigneur, offerts en sacrifice à Dieu, en conformité avec l'enseignement actuel de l'Eglise.

En plus de ce questionnement théologique, je commençai à me demander s'il n'y avait pas quelque chose qui manquait à ces offices liturgiques Evangéliques et Messianiques auxquels je participais. Bien que présidés par des ministres du culte tout à fait dévoués et sincères, il me semblait que l'on comptait exclusivement sur des efforts humains pour assurer le « succès » de ces offices ; il fallait que la prière de louange soit suffisamment « puissante », que le prédicateur ait une « onction » suffisante. Parfois je ressentais comme si l'assemblée était seule responsable de se hisser au Ciel et de faire descendre Dieu dans la salle. Tout me semblait si étroitement dépendant de nos émotions à nous et de nos efforts que parfois même les offices m'épuisaient plus qu'ils ne me comblaient. Je commençai aussi à me poser sérieusement la question de ces désaccords profonds au sein même du Corps du Christ. Chacun considérait la Bible comme la Parole de Dieu et prétendait avoir l'Esprit Saint en son cœur qui le guidait dans l'interprétation et pourtant abondaient les interprétations doctrinales contradictoires au sein des Protestants comme encore entre les diverses congrégations Messianiques.

Voilà quel était mon état d'esprit en 2001 qui me retenait de déclarer une guerre à outrance au Catholicisme et qui commençait à éroder doucement ma confiance dans l'Eglise Evangélique et dans le Judaïsme Messianique.

Un choc : « Des « born-again » se convertissent au Catholicisme

Au cours d'une visite à mes parents au Canada en juin 2001, mon père m'offrit deux livres qui m'occasionnèrent un vrai traumatisme. Le premier que j'ai déjà mentionné plus haut était « Surprised by Truth », recueil de onze témoignages de convertis de l'Evangélisme au Catholicisme. Je n'en croyais pas mes yeux. Ces gens là étaient des « Born-again », des « Nés de nouveau » qui en étaient arrivés à considérer le Catholicisme comme la vérité à partir seulement de la Sainte Ecriture. Le second livre était encore plus stupéfiant. Il portait le titre plutôt répugnant de « Rome Sweet Home » et racontait la conversion de Scott et Kimberley Hahn. Scott Hahn avait été un pasteur évangélique engagé et un opposant farouche à l'Eglise Catholique - du genre à qualifier le Pape d'Antéchrist. Au fur et à mesure que je lisais je réalisais qu'il était un personnage brillant, un exégète haut de gamme, mais avant tout quelqu'un qui aimait le Seigneur et était à la recherche de la vérité, de la vérité à tout prix. Et qui finit par la trouver dans l'Eglise Catholique.

Après avoir lu ces deux livres, je repartis pour Israël avec la ferme résolution de résoudre une fois pour toutes ce « problème catholique ». Avant de quitter mes parents, je leur pris le gros « Catéchisme de l'Eglise Catholique » ainsi qu'une histoire de l'Eglise. Je dévorai ces deux livres en quelques semaines. Je poursuivis cette recherche sur Internet, où je trouvai d'autres écrits du Dr. Hahn qui anéantirent mes préjugés contre l'Eglise Catholique. Je téléchargeai d'autres documents et commandai plusieurs livres par l'intermédiaire du site Catholic Answers, une organisation apologétique Catholique basée en Californie. J'avais déjà lu des classiques de l'anticatholicisme comme « Une femme enfourche la bête » de Dave Hunt et « La religion babylonienne des mystères » de Ralph Woodrow. J'avais maintenant en main l'antidote parfait. Karl Keating, en particulier, dans son livre « Catholicisme et fondamentalisme » traite de chacun des arguments classiques anticatholiques et, franchement, les réduit en miettes.

Une grossière caricature du Catholicisme

L'une des premières choses que je remarquai en m'engageant dans cette étude approfondie du Catholicisme fut que ce que j'avais pris l'habitude de mépriser par rapport à l'Eglise Catholique était en fait une caricature de ce que je croyais être l'Eglise Catholique qui n'avait rien à voir avec la réalité. Je crois vraiment que la plupart des gens opposés à l'Eglise Catholique sont dans une situation analogue et s'attaquent en toute sincérité à quelque chose dont ils n'ont pas vraiment connaissance.

Je fus rassuré, par exemple, d'apprendre que l'infaillibilité papale ne signifie pas que tout ce que le Pape dit ou fait est infaillible, que Marie ne doit pas être adorée comme on adore Dieu, et que son titre de « Mère de Dieu » n'implique pas qu'elle soit de nature divine ou qu'elle ait pré-existé à Dieu. Je fus très étonné de réaliser que l'Eglise n'avait jamais enseigné des notions comme le salut par les œuvres, qu'elle n'avait jamais dit que le Christ était re-sacrifié à chaque messe, ou que l'on pouvait être sauvé dans d'autres religions.

Une autre surprise a été de découvrir que le catéchisme affirmait l'Alliance éternelle et irrévocable de Dieu avec le Peuple Juif. Totalement éberlué je me dis : « Quoi ? L'Eglise Catholique n'enseigne donc pas la théologie de la substitution ? » Je réalisais que la théologie de la substitution et l'antisémitisme qui en a souvent découlé ne furent que le produit de l'ignorance au sein de l'Eglise- de fait hélas souvent à grande échelle - mais jamais de la part de ceux qui adhéraient en vérité à la foi catholique.

Beaucoup de non-catholiques ont souvent une impression très négative du Catholicisme à cause d'un réel décalage entre les enseignements officiels de l'Eglise et la pratique et la compréhension populaire. Il est vrai que les Catholiques sont trop souvent ignorants de leurs propres doctrines. Ils ne réalisent pas hélas le discrédit dont cela peut entacher leur religion aux yeux d'autrui et du biais que cela donne à la représentation que se font tant de protestants du Catholicisme et qu'ils honnissent : cette représentation d'un catholique qui vénèrerait Marie et les saints plus qu'il n'adore et ne prie Dieu sans jamais lire la Bible et croirait pouvoir gagner son Ciel par ses bonnes œuvres seulement. Cette représentation n'est évidemment pas celle d'un bon catholique mais plutôt de quelqu'un qui aurait bien mal compris ce qu'est le Catholicisme.

Malgré tout cela, il reste indéniable que beaucoup de points, tant théologiques que pratiques continuent à séparer les Catholiques des Evangéliques et des Juifs messianiques. Je vous propose de réfléchir à certains.

La référence pour les « Croyants » : la Bible et seulement la Bible ?

La question centrale qui a le plus contribué à mon retour à l'Eglise Catholique est la question de ce qui fait autorité pour notre Foi. Depuis ma conversion au Christ, j'avais été un fervent adepte de la doctrine « Sola Scriptura », l'un des piliers de l'Eglise Réformée. Sola Scriptura est l'axiome posé par Martin Luther le premier et qui reconnaît à la Sainte Ecriture et à elle seule d'être la source autorisée pour ce qui concerne la foi et la vérité en matière de religion. En général les Evangéliques et les Messianiques acceptent sans condition cette notion et parmi eux rares sont ceux qui la mettent en question ou en cherchent les fondements et les justifications.

Sola Scriptura me paraissait quelque chose de profondément sensé et important. J'y voyais la seule façon de préserver le message originel biblique en lui évitant toute distorsion ou toute transformation au cours des âges. Après tout, me disais-je, c'est exactement cela qui est arrivé avec l'Eglise Catholique : en complète contradiction avec les recommandations de Jésus lui-même de ne pas laisser les traditions des hommes modifier la Parole de Dieu, l'Eglise avait ajouté tradition sur tradition à l'Evangile en l'empêtrant dans des monceaux de doctrines, de décrets papaux, et de pratiques païennes, jusqu'à enterrer le message originel.

Je devais pourtant me trouver devant une surprise de taille, une fois que je commençai à examiner soigneusement ce point. A mon grand étonnement - et avec horreur - je vis les fondements de la Sola Scriptura s'effondrer à la lumière de l'Ecriture, de l'histoire, et du simple raisonnement logique.

Le premier choc m'arriva quand je m'aperçus que la Bible n'enseignait nulle part la Sola Scriptura. Nous, « croyants » (évangéliques NDT), partons de l'idée que la Bible est notre seule source valide qui puisse faire autorité, alors on devrait y en trouver confirmation. Où donc la Bible dit-elle qu'elle seule est valide en matière d'autorité doctrinale ? Je dus reconnaître que je ne pouvais répondre à cette question. Bien que dans Tim 3,16 on lise que « Toute Ecriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner », on ne peut trouver nulle part que l'Ecriture soit la seule source autorisée de notre foi. Comment cela peut-il se faire, me disais-je, que ce principe fondamental n'apparaisse pas justement dans la Bible ?

Ensuite, je découvris au contraire plusieurs passages du Nouveau Testament qui semblaient présenter l'idée de tradition comme une autre forme d'autorité. Paul écrivit aux Thessaloniciens « Ainsi donc, frères, tenez bon, et gardez ferme les traditions que nous vous avons enseignées, soit de vive voix, soit par lettre » 2Th 2,15. Il félicita aussi les Corinthiens d'avoir « gardé les traditions » qu'il leur avait transmises (1Co 11,2). Jésus lui-même respectait la tradition orale. Et il dit à ces disciples que « Les scribes et les pharisiens enseignant dans la chaire de Moïse.», il fallait faire et observer tout ce qu'ils disaient (sauf justement leur manière de faire hypocrite) Mt 23,1-3. Ce que les Scribes et les Pharisiens enseignaient du temps de Jésus était déjà bien plus abondant que juste la Torah écrite. Il y avait tout un ensemble de traditions orales et apparemment Jésus les respectait.

On voit encore d'autres arguments qui valident la tradition extra-biblique quand les auteurs du Nouveau Testament font référence à des évènements non relatés dans les Ecritures Juives. Par exemple dans 2Tim 3,8 Paul fait référence à une opposition à Moïse de la part de Jannes et Jambres. Dans son épître, Jude au verset 9 parle de l'Archange Saint Michel discutant avec le démon dans la querelle au sujet du corps de Moïse. Ces évènements ne sont pas mentionnés dans le Tanakkh et proviennent de textes apocryphes et de la tradition orale juive. Et cependant les auteurs du Nouveau Testament les acceptent comme faisant autorité. Yeshua fêtait la fête traditionnelle de Hannukah (Jn 20,22) qui cependant n'est nulle part ordonnée par Dieu et on ne la trouve pas dans les Ecritures Hébraïques. On se rend compte alors que, même si Yeshua met en garde contre les traditions qui seraient opposées à la Parole de Dieu, lui et les auteurs du Nouveau Testament assument totalement des traditions orales qui complètent et aident à interpréter (mais sans jamais les contredire) les Ecritures. Quelques réflexions poursuivies sur les implications pratiques et historiques de cette idée me rendirent encore plus évidente cette découverte.

Qu'est-ce donc qui faisait autorité dans l'Eglise Primitive ?

Comment donc les premiers chrétiens apprenaient-ils le contenu de leur foi ? Ils n'avaient certes pas leurs grosses bibles sous le bras comme on peut l'avoir aujourd'hui. Ils apprenaient les Ecritures de l'Ancien Testament dans les synagogues et pour ce qui est du Nouveau, ils l'entendaient de la voix même des apôtres dans leurs enseignements. De fait il n'y avait même pas dans les premiers temps à proprement parler de Nouveau Testament. D'aucuns ne réalisent pas vraiment qu'il fallut près de 20 ans après la Résurrection pour qu'un texte du Nouveau Testament soit transmis et diffusé et près de 60 ans pour qu'il se fige dans une trace écrite.

Et même alors, il y avait bien d'autres écrits Chrétiens. Ce qui posait un autre problème : Comment discerner les écrits inspirés des autres ? Il fallut plusieurs siècles d'intenses débats pour savoir ce qui serait inclus dans le Nouveau Testament. Beaucoup d'Eglises croyaient que des livres comme « Le Berger de Hermas », la Didache, les Actes de Paul ou l'Apocalypse de Pierre auraient dû être considérés comme canoniques. D'autres croyaient au contraire que certains livres qui aujourd'hui font partie du Nouveau Testament devaient être rejetés. L'historien Eusèbe, donne en l'an 324 une liste de seulement 22 livres ayant été acceptés ; 2 Pierre, 2-3 Jean, Jacques et Jude étaient considérés comme des écrits dont la validité était encore discutée. D'autres livres importants comme l'Epître aux Hébreux et l'Apocalypse étaient très souvent exclus. Et ce ne fut qu'après des siècles de débats qu'ils furent finalement admis non sans suspicion et pas à l'unanimité. Ce n'est qu'après le Concile de Carthage en 397 que fut définitivement défini le contour du Nouveau Testament. Pendant presque quatre siècles, l'Eglise vécut et grandit avec un Nouveau Testament légèrement différent du nôtre.

L'historien Henry Chadwick remarque à propos des sources qui faisaient autorité dans l'Eglise Primitive : « Pendant le premier siècle, la Bible des Chrétiens était tout simplement l'Ancien Testament … La source se trouvait dans ces textes ainsi que dans les paroles prononcées par le Christ et qui circulaient par tradition orale … Ces traditions orales faisaient tout à fait autorité elles-mêmes, même après l'écriture des quatre évangiles de Matthieu Marc Luc et Jean. Même tardivement avec Irénée (185-190) cette tradition orale des paroles même de Jésus était considérée comme faisant autorité et pourtant pas forcément totalement retranscrite dans les Evangiles écrits. »

Il devient donc évident ainsi que l'Eglise a précédé le Nouveau Testament et pas le contraire. Alors comment nous, Evangéliques, pouvions-nous être certains que cette Eglise primitive - cette Eglise Catholique - a fait les bons choix en déterminant le contenu du Nouveau Testament presque quatre siècles après le Christ ? Pourquoi faisions-nous totalement confiance pour cela à des évêques catholiques qui par ailleurs croyaient en la vénération des saints, en la dévotion à la Vierge Marie, au purgatoire et aux sacrements ? Comment nous fier à l'infaillibilité de l'Ecriture sans croire en même temps que l'Eglise avait dû prendre une décision infaillible sur les livres à inclure comme étant canoniques ou pas ? (De fait le même raisonnement tient aussi pour la définition par les Juifs des livres de l'Ancien Testament).

Ces conclusions étaient pour le moins perturbantes. Les premiers croyants ne s'appuyaient pas exclusivement sur la Bible. Leur principale source d'autorité était la tradition orale des apôtres et de leurs successeurs - en d'autres termes, l'Eglise. Une telle idée pouvait-elle être conforme à la Bible ? Oui dit Paul. Il écrit à Timothée que « le pilier et le soutien de la vérité » n'était pas dans la Bible mais « dans la maison de Dieu, c'est-à-dire la communauté, l'Église du Dieu vivant » (1Tim 3,15), vérité contre laquelle, et c'est Jésus qui nous le promet « Les puissances de la mort ne prévaudront pas ».

Conséquence logique de la Sola Scriptura

Toutes ces réflexions me conduisirent progressivement à croire que la notion elle-même de Sola Scriptura était viciée : qu'elle n'était qu'une tradition artificiellement élaborée et sans origine scripturaire d'aucune façon. Ceci ne diminue en rien l'autorité spécifique essentielle à l'Ecriture, mais signifie que la Bible seule n'est pas suffisante. Il nous suffit pour nous en convaincre d'inventorier les fruits produits par la Réforme : Sola Scriptura a donné naissance en cinq siècles à des milliers de dénominations Chrétiennes, de sectes, de cultes qui ne cessent de se multiplier, chacune d'entre elle prétendant n'avoir pour maître que la Bible, mais en perpétuel désaccord sur tous les sujets doctrinaux. Est-ce cela que Jésus voulait quand il priait pour que l'unité de Son Eglise ?

En plus que d'être étranger à ce qui est dit dans la Bible et que d'être contraire à l'histoire, le refus des Evangéliques d'attribuer toute valeur d'autorité à la tradition commença à m'apparaître tout simplement absurde. Bien que se déclarant opposés à toute tradition autoritaire, les Chrétiens Evangéliques acceptent « de fait » de nombreuses doctrines traditionnelles qui n'apparaissent nullement comme des enseignements de l'Ecriture. Parmi les exemples on trouve la Trinité, la divinité du Saint Esprit, la monogamie comme unique forme acceptable d'union maritale et le refus de l'avortement. Aucune de ces idées de sont clairement exprimées dans la Bible. Et cependant les Evangéliques les adoptent sans réserve - et ils ont raison ! - même si ce sont des traditions catholiques qui ont été simplement agréées arbitrairement par les premiers « croyants » évangéliques comme étant partie de la foi chrétienne.

Il y a cependant des courants de Judaïsme Messianique et des cultes « Chrétiens » qui sont encore plus intransigeants que les Evangéliques et qui rejettent toute tradition chrétienne. La conséquence en est malheureusement que ces groupes font un travail de sape qui détruit les fondements mêmes de la foi Chrétienne, comme la Trinité et la divinité de Jésus. Il en résulte des hérésies, mais qui sont de fait la conséquence logique du refus de toute tradition qui conduit à ne s'appuyer que sur la Bible seule. Les Evangéliques, heureusement, conservent une grande part de la tradition chrétienne des origines (même si c'est parfois sans s'en rendre compte) et restent en conséquence dans les limites d'un Christianisme « orthodoxe ».

La Sainte Tradition : Perversion ou Préservation de la Bonne Nouvelle

L'idée d'une « Sainte Tradition » n'est-elle pas pernicieuse ? Après tout, qui nous dit que l'Eglise serait restée dans le bon chemin pendant 2000 ans ? N'y-a-t-il pas là un simple prétexte permettant aux autorités ecclésiales d'inventer selon leurs bons souhaits des doctrines nouvelles, non conformes aux enseignements bibliques ? N'y-a-il pas mise en péril de l'intégrité même de la Bonne Nouvelle originelle ? Ne met-on pas ainsi les fidèles à la merci d'un clergé faillible et souvent corrompu ? Bien que le concept de « sainte tradition » puisse de fait sembler inquiétant au premier abord, plusieurs raisons m'ont conduit à croire qu'il s'agit là non seulement d'un concept conforme à la Bible et sur lequel on peut s'appuyer, mais d'un élément vital de la bonne préservation de la Bonne Nouvelle de l'Evangile.

Karl Keating décrit ce que l'Eglise recouvre dans le terme de « Tradition » : « Cela ne concerne pas des légendes ou des contes mythologiques, ni des coutumes ou des pratiques temporaires qui seraient spécifiques d'une époque ou d'une culture, comme les vêtements liturgiques, certaines dévotions à des saints et même certaines spécificités liturgiques. Le terme de « Tradition » désigne spécifiquement les enseignements de Jésus et leur valeur objective même qui font autorité, puis par extension, ceux des apôtres. Ces enseignements on été officiellement confiés à l'Eglise (c'est-à-dire à ceux qui ont autorité dans l'Eglise pour enseigner, les évêques en union avec le Pape).

L'existence d'une « Sainte Tradition» en parallèle avec les Ecritures Saintes n'implique pas que cette tradition puisse être en contradiction avec l'Ecriture. Elles sont en harmonie entre elles. L'idée même d'une tradition apostolique est justement là pour préserver les enseignements de Jésus et des apôtres, pas pour les pervertir. Il est important à ce stade de bien distinguer « invention » et « développement » d'une doctrine. L'Eglise Catholique n'a en aucune façon autorité pour inventer d'un seul coup une doctrine sortie de nulle part. Et cependant il est indéniable que l'Eglise a développé des doctrines au cours des siècles, en ce sens qu'elle les a expliquées dans leur plein développement. Ce processus est à la fois naturel et irrépressible. Tout fidèle cherche en permanence à mieux comprendre et à préciser sa foi et c'est à cela que l'Eglise a toujours cherché à répondre. Cela a pris trois siècles, par exemple, pour que l'Eglise définisse formellement le dogme de la Sainte Trinité, même si la foi en la Trinité existait déjà depuis les origines (voir Is 48,16; Mt 28,19; 2Co 13,14). De la même façon, même si le dogme de la transsubstantiation (le fait de croire que le pain et le vin deviennent vraiment le corps et le sang du Christ) ne fut formalisé qu'en 1215, cet acte de foi est attesté dans les écrits les plus anciens (et d'ailleurs dans le chapitre 6 de Saint Jean).

L'Infaillibilité

Certes, mais, me direz-vous, comment être sûr que l'Eglise ne s'est pas au moins quelquefois trompée dans les interprétations qu'elle a pu faire en élaborant des dogmes ? Nous sommes convaincus que Yeshua nous en a laissé la ferme assurance. Il a promis à ses disciples que l'Esprit de vérité les guiderait vers la vérité toute entière (Jn 13,13). Il a aussi dit à Pierre : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et la puissance de la Mort ne l'emportera pas sur elle. Je te donnerai les clés du royaume des Cieux : tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux » (Mt 16,18-19). De nombreuses interprétations ont été données de ces versets, mais n'est-ce pas limpide de ne prendre que l'interprétation catholique immédiate et simple ? Quelle impressionnante autorité Yeshua transfère-t-il là à Pierre et à l'Eglise, « pilier et fondation de la vérité » (1Tim 3,15). Si nous persistons à croire que l'Eglise des premiers siècles a perverti les enseignements originels de Yeshua, nous impliquons par là même que Sa Prière pour l'Eglise a été sans effet.

Mais l'histoire elle-même ne montre-t-elle pas que la puissance de la mort (les portes de l'enfer) ont de fait prévalu sur l'Eglise Catholique, au moins pendant de longues périodes de temps ? On ne peut nier les faits, horribles : des Catholiques ont péché, ont été dans l'erreur, de façon très grave et en s'y complaisant. Certains papes étaient notoirement dans le vice et l'immoralité. De plus un grand nombre de pratiques ont évolué dans l'histoire. Comment comprendre cela alors que Yeshua a promis que le mal ne prévaudrait pas ? Pour répondre à cette question il nous faut scruter avec soin ce que l'Eglise définit dans le dogme de l'infaillibilité.

L'Eglise Catholique prétend être infaillible seulement dans les domaines de la foi et de la morale, mais pas dans ceux de la pratique et de la discipline. Par exemple l'infaillibilité ne porte pas sur la pratique - par exemple - du célibat des prêtres ou la forme liturgique, qui d'ailleurs évoluent dans le temps. Il ne faut pas non plus confondre infaillibilité et « sans péché ». Rien ne nous garantit que le Pape ne pèchera pas ou qu'il ne négligera pas de nous apprendre la vérité. L'infaillibilité ne s'applique pas aux décisions d'application disciplinaires que peut prendre le Pape, ni à ses opinions théologiques privées, ni même à des commentaires sur la foi et la morale qu'il pourrait formuler à titre officieux. Par exemple, une observation de Jean-Paul II concernant Israël et le statut de Jérusalem n'est certainement pas couverte par l'infaillibilité et ne contraint en aucune façon les catholiques. L'infaillibilité est en quelque sorte une protection négative. Elle signifie que le Saint Esprit empêchera l'Eglise de prêcher officiellement l'erreur dans des domaines de foi et de morale.

Les seuls déclarations infaillibles sont celles que le Pape prononce « ex cathedra », c'est à dire depuis la chaire de Saint Pierre et concernant exclusivement la foi ou la morale. Généralement elles concernent une doctrine déjà admise et cependant controversée. Il n'y a pas de dogme qui soit « inventé ». Et les déclarations infaillibles sont rares. Pendant le XXème siècle par exemple, il n'y a eu qu'une seule déclaration qui soir qualifiée « d'infaillible » : le dogme de l'Assomption de Marie au Ciel, prononcé en 1950 par le Pape Pie XII. Le Pape n'a rien « inventé » à cette date, mais a seulement confirmé une croyance ancienne déjà attestée dans les premiers siècles de l'Eglise.

En clair, le Pape n'est pas une quasi-divinité préservée du péché et des erreurs. Il est seulement un berger mais le berger d'une congrégation de fidèles très étendue et internationale. Les Catholiques lui doivent respect et obéissance, mais ne sont pas obligés de croire que tout ce qu'il dit vient de la bouche même de Dieu. Ceci est bien éloigné de la conception autocratique que beaucoup se font de l'Eglise Catholique.

Pour tirer des conclusions sur ces pages consacrées aux sources autorisées de notre foi, nous avons donc vu que la notion de Sola Scriptura est un concept opposé à ce que nous dit la Bible. Que cette idée est historiquement erronée, qu'elle est illogique et qu'elle n'est qu'une récente « tradition des hommes » qui n'a créé que des divisions dans l'Eglise. Au contraire, l'idée d'une « Sainte Tradition Catholique » transmise depuis les apôtres jusqu'à leurs successeurs contemporains est conforme à la fois à la Bible, à l'histoire et à la logique. Paul écrivit à Timothée : « Ce que tu m'as entendu dire en présence de nombreux témoins, confie-le à des hommes dignes de foi qui seront capables de l'enseigner aux autres, à leur tour » 2Tim 2,2. La Sainte Tradition préserve les enseignements du Christ et des apôtres. Et en considérant justement tous les péchés commis au sein de l'Eglise, cela montre la grandeur de Dieu qui a sauvegardé néanmoins le précieux héritage de la foi au cours de 2000 ans d'histoire de l'Eglise souvent bien sombre. Les pratiques, coutumes et rites catholiques ont vécu pour ensuite disparaître, les pécheurs qu'auront été souvent les papes, les évêques, les prêtres et les laïcs auront vécu également et seront disparus les uns après les autres. Mais tout mon effort de recherche me conduit à constater que les doctrines catholiques existent depuis les débuts de l'Eglise et n'ont jamais dévié. Voilà pourquoi l'Eglise est « le pilier et le soutien de la vérité » 1Tim 3,15 dont Jésus nous a promis qu'ils ne seraient jamais pervertis par l'erreur.

La foi dans la Sainte Tradition ne diminue en rien l'autorité de la Bible qui est la Parole de Dieu elle-même. Cela ne me détourne en rien de la Bible et ne me décourage pas bien au contraire de chercher à y découvrir toujours plus de trésors. Bien au contraire cela me fait apprécier d'autant plus cette Parole Vivante qu'elle m'apparaît maintenant éclairée par les enseignements que les apôtres nous ont transmis par la Tradition de Eglise. Là où la doctrine de Sola Scriptura a conduit à de perpétuelles divisions jusqu'à donner naissance à des églises libérales et à des cultes où l'on en vient à remettre en question les fondements même de notre foi, la Tradition Catholique Apostolique n'a fait que préserver l'intégrité du message de Yeshua et l'unité de son Eglise.

Le salut par la foi seulement

« L'homme devient juste par les œuvres, et non seulement par la foi » Jc 2,24. Ce verset, et cela se comprend, n'est pas souvent repris dans les milieux Evangéliques. Avant même de me poser la question de Sola Scriptura, ce Jc 2,24 me conduisit à mettre en question le second pilier du Protestantisme : Sola Fide, le salut par la foi seulement.

Quand en 1995 j'acceptai dans ma vie Jésus comme mon Seigneur et mon Sauveur, la notion de salut par la foi seulement m'avait paru particulièrement séduisante. Je pouvais être sauvé en faisant exclusivement confiance à l'œuvre rédemptrice du Christ sur la Croix - et ceci n'avait rien à voir avec l'étendue de mes péchés ou de mes bonnes œuvres ; tout ce que j'avais à faire était d'accueillir la grâce du salut. Et peu importait ce que je ferais par la suite, je ne pouvais perdre ce salut parce que c'était un cadeau de Dieu indépendant de mes propres actions. Bien que séduisante je ne pouvais nier que cette idée était contradictoire avec Jc 2,24.

Paul, lui aussi nous exhorte à travailler à notre salut avec crainte et profond respect Ph 2,12 et ne considère pas son salut comme acquis sans condition : « Mais je traite durement mon corps, j'en fais mon esclave, pour éviter qu'après avoir proclamé l'Évangile à d'autres, je sois moi-même disqualifié. » 1Co 9,27. Comment concilier ces paroles de l'Ecriture avec l'idée d'un salut par la foi seulement ?

Pour trouver une solution à cette question, je me suis lancé dans une étude approfondie du concept de Salut dans les Ecritures Saintes. Ceci m'a permis d'appréhender les différences entre la notion même de salut chez les Evangéliques et chez les Catholiques, et comment d'autres sujets comme le baptême des petits enfants et la notion de purgatoire sont intimement liés à ces différences.

Le point de vue Evangélique du Salut

Selon la tradition Evangélique, quelqu'un est sauvé en « recevant personnellement Jésus comme son Seigneur et son Sauveur », en « naissant à nouveau » (born again). Ces deux formulations sont souvent considérées comme synonymes (bien que nulle part dans l'Ecriture Sainte ne soit dit que d'être re-né c'est d'accepter Jésus comme Seigneur et Sauveur). Les Evangéliques disent souvent qu'ils ont été sauvés à telle date précise, ils précisent parfois « avant que j'ai été sauvé », impliquant par là que le Salut est quelque chose qui est reçu une fois pour toutes à un moment précis de notre vie. Une fois que nous nous sommes sincèrement repentis et que nous avons confessé notre foi, nous pouvons être considérés comme faisant partie des « élus », des enfants choisis de Dieu. Ceux qui ne sont pas passés par là sont les non-sauvés, les perdus. En conséquence, le moment le plus important dans les assemblées Evangéliques est bien « l'appel à l'autel » à l'occasion duquel les non-sauvés ont la possibilité de « recevoir le Seigneur ». Il faut ensuite évidemment se sanctifier mais cette phase postérieure est souvent considérée comme distincte du moment crucial du « salut » initial.

Je n'ai pas pour intention de critiquer le concept « d'appel à l'autel », ni de nier la nécessité d'accepter Jésus comme Seigneur et Sauveur. Il y a là certainement des chemins par lesquels Dieu peut toucher par sa grâce un pécheur qui se repent. Cependant, je suis persuadé que le concept évangélique du Salut ne dévoile pas tout ce que la Bible nous en dévoile.

Les premières difficultés que j'ai rencontrées à propos du concept de salut étaient plus d'ordre pratique que théologique. Quand je reçus Jésus comme Seigneur et Sauveur en 1995, j'accédai volontiers à l'idée d'être parmi les « élus » et que je devais à partir de ce moment-là dédier toute ma vie à Dieu. Je pensais que tous ceux qui avaient reçu comme moi cette « nouvelle naissance de chrétien », s'étant eux-mêmes consacrés à Dieu, me montreraient l'exemple d'une vie sainte et bonne. Alors que la plupart des Catholiques, au contraire, n'étant pas « re-nés », n'ayant pas reçu personnellement Jésus comme Seigneur et Sauveur, ne pouvaient être comme des « vrais croyants ».

La réalité cependant était différente. Pendant les six années que j'ai passées dans les milieux Evangéliques et Messianiques, j'ai vu des « croyants » qui ne sont plus que des « ayant été re-nés » et qui se sont laissé dériver à nouveau vers « le monde ». J'ai vu des querelles, des égoïsmes, des manques d'amour, des malhonnêtetés, de l'arrogance, des trahisons dans presque toutes les églises chrétiennes « re-nées » et j'ai d'ailleurs trouvé ces défauts également en moi-même ! Par contre, j'ai rencontré des Catholiques qui ont été pour moi des exemples constants d'humilité, d'amour, de sacrifice pour autrui et de fidélité à Dieu. Je ne veux pas ici porter de jugement en qualifiant de meilleur l'un de ces environnements, mais simplement de poser la question de savoir quelle est vraiment la différence entre un « anciennement re-né retombé dans le monde » et un « Catholique baptisé alors qu'il était nouveau-né », qui aura « persévéré jusqu'à la fin » dans sa foi au Christ Mt 10,22. Qui d'entre eux est « sauvé » selon la théologie Evangélique ? Cette question semait le trouble dans mon esprit jusqu'à ce que je comprenne ce que la Bible nous dit vraiment à propos du Salut.

Le salut : évènement unique ou processus continu ?

Les Evangéliques ont parfois une vision étroite du mot « Salut », en limitant sa signification au pardon des péchés et à l'assurance d'aller au Ciel. Cependant, la Bible donne de ce concept une définition plus large, que ce soit par le mot hébreu yeshuah ou par le mot grec sozo. Ces termes font référence à la délivrance des Israélites du joug égyptien (Ex 14,13, à la victoire sur l'ennemi en temps de guerre 1Sam 11,13, à la délivrance temporaire de la mort, et même à la guérison d'un mal physique. Quand Jaïre vient trouver Jésus pour lui demander de guérir sa fille, il lui dit « Viens lui imposer les mains pour qu'elle soit sauvée et qu'elle vive » (ὅπως σωθῇ καὶ ζήσεται) Mc 5,23. Dans ce même chapitre, la femme hémorroïsse se dit : « Si j'arrive à le toucher je serai sauvée » Mc 5,28. Après l'avoir guérie, Jésus lui dit : « Va, ma fille, ta foi t'a sauvée ». Et pourtant il ne s'agit bien là que d'une guérison physique - l'évangéliste ne parle pas de pardon des péchés ou de recevoir Jésus comme sauveur.

Ces exemples montrent bien que le « salut » dans la Bible recouvre une restauration complète de l'homme à l'image de Dieu, tant au sens physique, psychologique, que spirituel. Il ne s'agit pas d'un évènement ponctuel, mais un processus continu qui se poursuit au cours de nos vies. Paul parle parfois du salut comme d'une expérience passée « Car nous avons été sauvés » Rm 8,24 ; Ep2,5-8, parfois comme d'une transformation actuelle, conditionnée par notre foi et notre fidélité « Nous sommes parmi ceux qui accueillent le salut » 2Co 2,15 et « vous serez sauvés si vous le gardez tel que je vous l'ai annoncé » 1Co 15,2, et parfois enfin comme un évènement à venir « À plus forte raison, serons-nous sauvés par lui » Rm 5,9 ; 1Co 3,12. Peut-être le passage de l'Ecriture Sainte qui manifeste le mieux le caractère progressif du salut est-il celui de Rm 13,11 « Car le salut est plus près de nous maintenant qu'à l'époque où nous sommes devenus croyants » ; même si les fidèles Romains ont été « sauvés » quand ils se sont repentis et ont été baptisés, Paul montre sans ambiguïté que leur salut ne sera complet et définitif qu'à la fin de leur vie.

La première alliance : La circoncision

Dans l'optique d'une compréhension optimale du concept de salut dans le Nouveau Testament, il est important de d'abord comprendre comment le Peuple d'Israël fut justifié par Dieu à travers le Tanakh. Une étude de la relation entre alliance, circoncision et justification dans le Premier Testament éclairera la relation entre alliance, baptême et salut dans le Nouveau Testament. Cela nous montrera que le salut dans la Bible n'est pas considéré comme un évènement individuel personnel singulier ponctuel qui ne peut se produire que chez un adulte à travers une foi pleinement consciente qui décide de croire (même si je ne conteste en rien l'importance d'une tel acte), mais plutôt comme une admission dans un peuple qui a fait alliance avec Dieu, et qui s'initie au sein d'une foi vécue en famille et en communauté ecclésiale par le baptême (ce qui justifie le baptême des jeunes enfants). Cette grâce du salut est appelée à s'épanouir ensuite durant toute la vie par la fidélité et l'amour, mais peut être perdue par le péché persistant volontaire, le refus de contrition, la négligence ou la rébellion.

Dans le Premier Testament, le plan du Salut voulu par Dieu s'initiait par l'alliance de circoncision conclue avec Abraham et ses descendants (Gn1 2,1-3. 17,1-2). L'enfant mâle qui n'aurait pas été circoncis aurait rompu l'alliance et devait être rejeté par son peuple. La circoncision n'était pas seulement destinée à être un sacrement visible : Dieu commande au peuple d'Israël de pratiquer également la « circoncision du cœur » (Dt 10,16). Saint Paul note que « Ce n'est pas ce qui est visible qui fait le Juif, ce n'est pas la marque visible dans la chair qui fait la circoncision ; mais c'est ce qui est caché qui fait le Juif : sa circoncision est celle du cœur, selon l'Esprit et non selon la lettre » Rm 2,28. Les deux choses ont leur importance : le signe extérieur de l'alliance, et la réalité intime de foi et d'obéissance qui manifeste cette alliance chez un Israélite dans sa vie même.

L'alliance de Dieu avec Israël a été à la fois individuelle et collective. Elle était individuelle car chaque Israélite était personnellement responsable de ses actes devant Dieu. Mais elle était aussi collective, parce que Dieu a racheté un peuple et pas seulement un groupe d'individus. Les enfants étaient automatiquement circoncis à leur huitième jour et ainsi admis au sein du Peuple de Dieu sans qu'il leur soit demandé leur accord ou leur profession de foi. Et malgré cela ils n'étaient pas dispensés d'assumer personnellement leurs décisions et leurs choix de vie. Par la circoncision l'enfant est introduit dans l'alliance mais cela ne garantit en rien de sa justification devant Dieu. Un Israélite qui transgressait des commandements importants devait être banni de son peuple et mis à mort. Ezéchiel exprime très clairement le fait que le salut ne dépend pas uniquement de la circoncision ou de toute attitude passée vis-à-vis de Dieu, mais de la disposition présente du cœur, de la foi actuellement professée et des actions personnelles actuelles. : « Mais le méchant, s'il se détourne de tous les péchés qu'il a commis, s'il observe tous mes décrets, s'il pratique le droit et la justice, c'est certain, il vivra, il ne mourra pas. On ne se souviendra d'aucun des crimes qu'il a commis, il vivra à cause de la justice qu'il a pratiquée. Prendrais-je donc plaisir à la mort du méchant - oracle du Seigneur Dieu -, et non pas plutôt à ce qu'il se détourne de sa conduite et qu'il vive ? Mais le juste, s'il se détourne de sa justice et fait le mal en imitant toutes les abominations du méchant, il le ferait et il vivrait ? Toute la justice qu'il avait pratiquée, on ne s'en souviendra plus : à cause de son infidélité et de son péché, il mourra ! » Ez 18,21-24

Dans le Tanakh, le sens précis du pardon des péchés et de l'assurance de la vie éternelle n'est pas explicite car le Messie n'est pas encore venu pour le dévoiler. Et pourtant, dans l'alliance de la circoncision, on devine déjà l'archétype et la silhouette du salut plus complet qui doit advenir. Abraham fut justifié par la foi. Il « crut en Dieu et cela lui fut compté comme juste » (Ge 15,6 et Ga 3,6). Et « n'est-ce pas par ses œuvres qu'Abraham notre père est devenu juste, lorsqu'il a présenté son fils Isaac sur l'autel du sacrifice ? Sa foi agissait avec ses œuvres et, par les œuvres, sa foi devint parfaite,» Jc 2,21-22

La nouvelle alliance, le baptême et une nouvelle naissance (légitimité du baptême des nouveau-nés)

Avec l'avènement du Messie et son établissement en vue de la Nouvelle Alliance, le plan de Dieu pour le Salut fut totalement dévoilé. L'équivalent de la circoncision est le baptême. Paul l'appelle « la circoncision en Dieu » : « Et c'est en lui (Yeshua) que vous avez été circoncis d'une circoncision que la main n'a pas faite, mais de la circoncision de Christ, qui consiste dans le dépouillement du corps de la chair: ayant été ensevelis avec lui par le baptême, vous êtes aussi ressuscités en lui et avec lui, par la foi en la puissance de Dieu, qui l'a ressuscité des morts.… » Col 2,11

Malgré toutes ces similitudes entre la circoncision et le baptême, Yeshua nous a laissé une alliance meilleure (He 9,22). Contrairement à la circoncision, le baptême a une véritable puissance de salut « Dans l'Arche (de Noé), il n'y eut que peu de gens, huit en tout, à être sauvés dans l'eau, cette eau qui symbolise le baptême qui aujourd'hui vous sauve vous aussi » 1P 3,20. Si nous considérons l'authentique signification biblique de l'expression « nouvelle naissance » (born-again), nous découvrons de fait qu'elle exprime le baptême et pas une quelconque profession de foi. A la question de Nicodème sur comment naître de nouveau, Yeshua répond que « personne, à moins de naître de l'eau et de l'Esprit, ne peut entrer dans le royaume de Dieu » Jn 3,5. Paul utilise des expressions semblables quand il dit «il nous a sauvés, non pas à cause de la justice de nos propres actes, mais par sa miséricorde. Par le bain du baptême, il nous a fait renaître et nous a renouvelés dans l'Esprit Saint. Cet Esprit, Dieu l'a répandu sur nous en abondance, par Jésus Christ notre Sauveur, Tite 3,5-6. On constate dans ces passages la relation immédiate entre l'eau du baptême et le salut.

Conscients maintenant de l'étroite correspondance entre la circoncision et le baptême, nous sommes mieux placés maintenant pour comprend le point de vue Catholique sur le baptême et le salut. Quand un enfant naît dans une famille catholique, il reçoit le sacrement de baptême comme le signe efficace de l'Alliance avec Dieu qui efface les traces du péché originel et restaure la grâce sanctifiante et la vie divine dans l'âme (sans pourtant éradiquer l'inclination au péché qui demeure). Comme pour la circoncision, l'alliance que Dieu accorde est non seulement pour les individus eux-mêmes mais pour leurs familles et le peuple lui-même. Dans ces deux alliances, les enfants sont reçus au sein de la communauté des fidèles alors qu'ils ne sont pas suffisamment grands pour être conscients et adhérer personnellement à cette foi. Le baptême ouvre la porte au Salut, mais ne réduit en rien la responsabilité de chacun devant Dieu, ne dispense en rien d'une foi personnelle, ne diminue pas l'impact des ses propres actes et les conséquences de ses péchés. Voilà pourquoi Paul précise de « travailler à notre salut avec crainte et profond respect » et de ne pas prendre pour acquis notre salut : « Mais je traite durement mon corps, j'en fais mon esclave, pour éviter qu'après avoir proclamé l'Évangile à d'autres, je sois moi-même disqualifié » 1Co 9,25. Nous ne sommes pas garantis du bannissement : « Observe donc la bonté et la rigueur de Dieu : rigueur pour ceux qui sont tombés, et bonté de Dieu pour toi, si tu demeures dans cette bonté ; autrement, toi aussi tu seras retranché » Rm 11,22. Et ceci est en parfait accord avec les mots mêmes de Yeshua : « Ce n'est pas en me disant : "Seigneur, Seigneur !" qu'on entrera dans le royaume des Cieux, mais c'est en faisant la volonté de mon Père qui est aux cieux » Mt 7,21. Nos vies et nos œuvres sont importantes en ce sens qu'elles sont la réponse que nous adressons à l'alliance de Dieu avec nous.

Beaucoup d'Evangéliques s'opposent avec logique à l'idée du baptême des nouveau-nés parce qu'ils voient le salut comme un évènement unique : puisqu'un nouveau-né n'a pas lui-même décidé de croire, le baptême semble impliquer qu'il pourrait être « sauvé » sans jamais croire. Mais cette vision des choses fait totalement abstraction de l'aspect collectif de l'Alliance de Dieu. Les apôtres comprirent que Dieu accueillait les enfants dans l'Alliance par grâce, même s'ils ne sont pas capables de choisir eux-mêmes le Christ. Puisque la circoncision concernait essentiellement des enfants, il était naturel que la « circoncision en Christ » soit également possible pour des enfants. Voilà pourquoi Pierre prêchait à la Pentecôte : « Convertissez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus Christ pour le pardon de ses péchés ; vous recevrez alors le don du Saint-Esprit. Car la promesse est pour vous, pour vos enfants » Ac 2,38-39

A partir du moment où l'on accepte la notion conforme à la Bible que le salut est un processus continu dans le temps, une alliance que Dieu doit constamment et fidèlement renouveler, le baptême des nouveau-nés devient parfaitement cohérent. On peut le comparer à l'alliance maritale entre un homme et son épouse. Bien qu'originellement scellé lors de la cérémonie, le mariage ne sera durable que si chacun des époux reste fidèle et aime son conjoint tout au long de leur vie.

Nous pouvons alors tenir parfaitement compte des recommandations de Yeshua : « Laissez les petits enfants venir à moi et ne les empêchez pas ; car le royaume des cieux est à ceux qui leur ressemblent » Mt 19,14 ; Lc 18,15. Les nouveau-nés sont accueillis dans la famille des croyants et dans la famille de Dieu par le baptême. Le processus du salut s'est ainsi mis en route. Bien entendu, les parents sont alors responsables de l'éducation dans la foi chrétienne de leur enfant baptisé. A échéance pourtant, ce n'est que la disposition ultime de notre âme au moment de notre mort qui déterminera notre destinée éternelle. Si nous sommes séparés de Dieu à ce moment, nous serons perdus. Si nous sommes en « état de grâce », en situation de pardon et de relation amicale avec Dieu, nous irons au Ciel.

En résumé : sauvés par la grâce d'une foi qui agit par la charité

D'une seule voix, la Bible et l'Eglise Catholique nous enseignent que nous sommes sauvés seulement par la Grâce dans la Foi (Ep 2,8), mais pas par la Foi seulement (Jc 2,24). Le problème était que pendant ma jeunesse je croyais que je pouvais être justifié par les œuvres seulement, une théorie qui n'a jamais été enseignée par l'Eglise Catholique. Accueillir Jésus comme mon Seigneur et mon Sauveur fut pour moi une authentique expérience de liberté comme je répondais avec toute ma foi à la grâce infinie de Dieu. Mais je me rends compte aujourd'hui, que de croire que le Salut ne venait que de ma foi me faisait croire que je me « m'en tirerais » avec quelques péchés sans importance. Je pensais mon salut complètement découplé de ce que je pouvais faire, malgré l'insistance avec laquelle l'Ecriture Sainte rappelle constamment et clairement que tout homme sera jugé selon ses mérites (Mt 16,27 ; Jn 5,29 ; Rm 2,6 ; 2Co 5,10 ; Ap 2,23 ; Ap 20,12). Maintenant que je perçois cette vérité, ma Crainte de Dieu est plus saine et elle me motive d'autant plus à « observer la bonté et la rigueur de Dieu … pour ne pas, moi aussi être retranché » Rm 11,22. Je suis racheté, et je travaille à mon salut dans « la peur et les tremblements » Ph2,12 avec la ferme confiance dans les promesses du Christ (Rm 5,2 ; 2Tim 2,11), mais qui n'est pas l'assurance « absolue » en ma propre capacité à persévérer 2Co 13,5. Personne ne peut être justifié uniquement par ses œuvres. Mais personne non plus n'est sauvé purement par sa foi. L'Eglise Catholique confirme l'enseignement de la Bible qui dit que nous sommes sauvés par grâce par une foi vivante qui agit dans la charité (Ga 5,6)

Le purgatoire

La notion de purgatoire est intimement liée à celle du Salut selon la conception catholique. Le Catéchisme de l'Eglise Catholique définit le purgatoire comme suit : « Tous Ceux qui meurent dans la grâce et l'amitié de Dieu, mais imparfaitement purifiés, bien qu'assurés de leur salut éternel, souffrent après leur mort une purification, afin d'obtenir la sainteté nécessaire pour entrer dans la joie du ciel » (CÉC 1030). Dans cette discussion à propos du purgatoire, j'aborderai deux points. D'abord, je montrerai que dans la Bible on trouve clairement des références à cet état intermédiaire entre le Ciel et l'enfer. Ensuite, j'expliquerai en quoi l'existence d'un tel état est en cohérence avec la rédemption totalement accomplie par Yeshua sur la croix et pourquoi le purgatoire est la suite logique et nécessaire du processus de salut décrit dans le chapitre précédent.

Le lieu de résidence des morts dans le Premier Testament s'appelle le Shéol, généralement traduit par « tombe », « enfer », « cachot » « citerne » ou « puits ». Ce n'est pas un endroit sympathique : « Les liens de la mort m'entouraient, le torrent fatal m'épouvantait ; des liens infernaux m'étreignaient : j'étais pris aux pièges de la mort » Ps 18,5; David a souvent imploré Dieu de le délivrer de ce Shéol : « de toute mon âme, je tremble. Et toi, Seigneur, que fais-tu ? Reviens, Seigneur, délivre-moi, sauve-moi en raison de ton amour ! Personne, dans la mort, n'invoque ton nom ; au séjour des morts, qui te rend grâce ? » Ps 6,4-5 Et il espère que Dieu y enverra les méchant « Que la mort les surprenne, qu'ils descendent vivants dans l'abîme (Shéol), car le mal habite leurs demeures, il est au milieu d'eux » Ps 55,15. De manière prophétique, David indique implicitement que le Shéol n'est pas un lieu d'éternel séjour : « tu ne peux m'abandonner à la mort ni laisser ton ami voir la corruption » Ps 16,10

L'équivalent du mot hébreu Shéol dans le Nouveau Testament est le mot grec Hadès. On vérifie cette traduction littérale directe dans les Actes 2,27, quand Pierre cite le psaume 16,10. On lit en grec « tu ne peux laisser mon âme dans l'Hadès ».

D'évidence le Shéol ou Hadès n'est pas le paradis, mais un lieu de souffrance. Mais ce n'est pas non plus l'enfer (en grec la géhenne, de l'hébreu gehinnom), le lieu des condamnés pour l'éternité, là où « là où le ver ne meurt pas et où le feu ne s'éteint pas » Mc 9,44. On perçoit clairement la distinction entre l'Hadès et la Géhenne dans le livre de l'Apocalypse, quand, à la fin des temps, « la mort et l'Hadès seront jetés dans le lac de feu » Ap 20,14. En d'autres termes, quand la mort n'existera plus, il n'y aura plus de raison d'être à l'Hadès ou Shéol. Ce lieu sera jeté dans le lac du feu éternel.

Le récit de l'homme riche et de Lazare nous en dit plus encore sur l'Hadès Lc 16,19-31. Dans cette histoire, un homme riche meurt. L'histoire ne nous dit pas qu'il était particulièrement méchant, mais simplement qu'il était riche et avait bien vécu. Au verset 23, on apprend pourtant qu'il était « dans les tourments de l'Hadès » (et pas dans la Géhenne ou l'enfer). Il dialogue avec Abraham, pour lui demander d'abord de lui enlever sa propre souffrance puis en le suppliant d'épargner à ses cinq frères ce lieu de tourment (v.28). Quand j'ai médité sur ce passage, je me suis rendu compte combien cela pose problème à la théologie protestante : l'homme riche est en relation avec un autre lieu où il n'y a pas de souffrance, désigné par « le sein d'Abraham » (que cela désigne le Ciel ou pas n'est pas très clair) et il éprouve de la compassion pour ses frères, dont il se souvient encore. Alors que l'enfer est un état de séparation éternelle et radicale de tout ce qui est bon, et où certainement il n'y aura ni amour ni compassion. Et pourtant ce « lieu de tourment » où l'homme riche souffre n'est pas complètement exempt de pardon et de lien avec un endroit meilleur.

Quand on accepte de croire à l'existence de cet état intermédiaire entre le Ciel et l'enfer, il devient beaucoup plus facile de comprendre 1P 3,19 où il est écrit que le Christ « est parti proclamer son message aux esprits qui étaient en captivité … et qui jadis, avaient refusé d'obéir». C'est probablement à ce même évènement que fait référence Paul quand il écrit que Yeshua « était d'abord descendu dans les régions inférieures de la terre » Ep 4,9. D'évidence, il n'y aurait pas eu lieu de prêcher en enfer puisqu'il est impossible d'en sortir. Cela nous laisse donc avec la seule possibilité que Jésus est descendu au Shéol, à l'Hadès, ou encore dans cet endroit que les Catholiques appellent le purgatoire.

Pourquoi un purgatoire ?

Pourquoi en effet y aurait-il besoin d'un purgatoire ? L'idée même semble totalement contradictoire avec la rédemption parfaite qu'a assurée le Messie sur la Croix. Je croyais autrefois que ce précieux cadeau du pardon nous était assuré et qu'il n'y avait plus de condamnation pour ceux qui sont en Yeshoua, le Messie. Rm 8,1

Mais aujourd'hui je me rends compte que le purgatoire ne contredit en rien cette vérité. Certes le rachat du péché a été effectué une fois pour toutes et est accompli. Le purgatoire n'est pas une « deuxième chance » pour ceux qui auraient rejeté Dieu pendant leur vie sur terre. Il n'y a que les sauvés qui auront le « privilège » d'entrer au purgatoire. On pourrait comparer cet endroit à une salle d'attente qui donne sur la porte du Ciel. Et en ce sens le purgatoire est bien plus proche du Ciel que de l'enfer.

Le purgatoire n'est pas non plus une « alternative » à l'œuvre rédemptrice du Christ, qui impliquerait que celle-ci aurait été inadéquate ou insuffisante. Mais on peut plutôt considérer le purgatoire comme la dernière étape de la mise en œuvre du plan de rédemption du Christ par le Saint Esprit. La Bible nous dit que « rien de souillé n'entrera au Ciel » Ap 21,27. Nous savons que nous sommes purifiés ici-bas par nos souffrances. Et Pierre nous dit que « quiconque a souffert dans la chair en a fini avec le péché ». Souffrir consiste à passer par un « feu sacré » et n'importe quel fidèle peut témoigner combien les croissances les plus significatives dans la foi sont souvent précédées par de douloureuses épreuves. L'Eglise Catholique ne se contente pas de nous dire que nous sommes déclarés justifiés par les seuls mérites du Messie. Elle nous enseigne que notre justification est l'œuvre de Sa grâce et de Son œuvre en nous. Yeshua est le premier-né qu'une multitude de fils et de filles de Dieu destinés à être confirmés à son image par Sa vie, Ses souffrances, Sa mort et Sa résurrection (Rm 8,16 ; Ph 3,10). Paul compare cette croissance spirituelle au travail d'enfantement d'une femme : « Mes enfants, vous que j'enfante à nouveau dans la douleur jusqu'à ce que le Christ soit formé en vous » (Ga 4,19). Si ce processus de purification n'est pas achevé pendant notre vie sur terre, Dieu mettra son Amour à en poursuivre l'accomplissement au purgatoire jusqu'à ce que nous soyons totalement conformés au Christ et que toute trace d'égoïsme et de péché disparaisse de nos cœurs, devenus purs par Sa grâce et Son œuvre en nous.

D'aucuns ont des problèmes avec le concept de purgatoire parce qu'ils confondent le pardon avec la purification et l'expiation du péché. Quand nous nous repentons avec une sincère contrition d'un péché précis, par la puissance rédemptrice du sacrifice de Yeshua nous accédons immédiatement au Trône de la grâce et au pardon parfait. Mais le péché porte en lui des conséquences douloureuses qui parfois durent toute une vie. Si je commets un crime ou si je pèche par adultère aujourd'hui, je peux en être pardonné demain si je me repends sincèrement, mais j'en porterai néanmoins les conséquences en passant le reste de ma vie en prison ou en ayant détruit ma famille et je souffrirai du regard porté sur moi par ceux que j'ai blessés, je souffrirai avec le cruel souvenir de ce que j'aurai fait. Le pardon implique-t-il l'expiation ? Dans la Bible on voit bien que non. Par exemple dans le cas du roi David : après qu'il eut commis l'adultère avec Bat Sheva et qu'il eut fait tuer son mari Uriah, il se repentit devant Dieu et certes il obtînt son pardon (2Sam 12,13). Mais il lui restait à expier son péché. Bien qu'il eût été pardonné, le fils qu'il allait avoir devait mourir.

En conclusion, Dieu ne se contente pas de nous déclarer saints. Mais, de fait, il fait littéralement de nous des saints. Nous avons vu que le salut n'est pas un évènement ponctuel mais un processus continu dans le temps, le long de notre cheminement avec Dieu. Il nous aime comme nous sommes, mais il nous aime trop pour s'en contenter et nous abandonner à ce que nous sommes. Rien d'imparfait n'entrera au Ciel et, par le feu sacré de la souffrance, il nous conforme à l'image de Son Fils. Si cette transformation n'est pas achevée pendant notre vie terrestre, elle se poursuivra au purgatoire jusqu'à ce que nous ayons atteint notre gloire définitive. Le jour du jugement « l'ouvrage de chacun sera mis en pleine lumière. En effet, le jour du jugement le manifestera, car cette révélation se fera par le feu, et c'est le feu qui permettra d'apprécier la qualité de l'ouvrage de chacun » 1Co 3,13. Ceci ne met pas en péril l'assurance que j'ai de mon salut « si je garde la Bonne Nouvelle qui m'a été annoncée » 1Co 15,2. Je me réjouis d'autant plus que « celui qui a commencé en (moi) un si beau travail le continuera jusqu'à son achèvement au jour où viendra le Yeshoua le Messie » Ph 1,6, et je suis donc impatient de « travailler à (mon) salut avec crainte et profond respect », confiant en la grâce infinie que notre Père me donnera pour ce faire.

Judaïsme, Catholicisme et Paganisme

Quand je commençai à prendre sérieusement en considération les points de vue du Catholicisme, une chose dont je redoutais qu'elle fût vraie concernait les relations entre Catholicisme et Judaïsme. Je savais que l'un des souhaits des communautés messianiques était de pouvoir garder une expression « juive » de leur foi en Yeshua et de se tenir autant que possible à l'écart de tout ce qui pouvait être par trop « chrétien » et surtout donc de tout ce qui était « catholique ». « Le Catholicisme est païen » est un slogan classique et tenu pour fondé chez beaucoup de messianiques en Israël aujourd'hui - et donc j'adhérais à cette position.

On comprend une telle attitude. Sans parler de la longue et douloureuse persécution des juifs au long de l'histoire, il semble, à première vue, que la pratique du Catholicisme se soit fort éloignée du Judaïsme. Marie, les saints, les reliques, le chapelet, tout cela n'a rien à voir avec la dévotion à « Adonai Echad, » l'Unique, le Tout Autre, le Dieu transcendant d'Israël.

Comment est donc arrivée cette paganisation du Christianisme ? En gros, les juifs messianiques croient en une histoire de ce genre : Bien que la première génération des croyants ait été en majorité des juifs et avaient sauvegardé toute la judaïté de l'Evangile, très vite des Gentils envahirent l'Eglise en devenant majoritaires. Comme ils devenaient prépondérants et amenaient avec eux leurs croyances et leurs pratiques païennes, ils corrompirent l'enseignement de Yeshua. Beaucoup de Pères de l'Eglise étaient des antisémites qui bâtirent une théologie chrétienne basée sur des concepts philosophiques Grecs et païens, plutôt que sur la pensée et la mentalité hébraïque. La fin de l'Eglise primitive, pure et authentique coïncide avec l'institutionnalisation par Constantin d'une religion officielle dans l'Empire Romain. Et furent alors adoptées plus encore de pratiques païennes. Le Christianisme avait alors perdu ses racines juives et n'était plus fondé sur une foi personnelle en Jésus-Messie ; ce n'était plus qu'une religion d'état à laquelle il fallait adhérer pour garder un statut et un rang honorable dans la société.

Avec tout le respect que je porte à ceux qui ont cette vision du christianisme primitif, je pense que celle-ci est par trop simplificatrice et qu'elle ne tient pas compte de plusieurs éléments importants. D'abord, comme je l'ai déjà dit, il est tout à fait remarquable de noter que les témoignages transmis par les tout premiers écrits chrétiens coïncident de façon étonnante avec ce qu'est le Catholicisme contemporain : la primauté de Pierre et des successeurs des apôtres comme chefs de l'Eglise de Rome, le baptême des nouveau-nés, la présence réelle du Christ dans le pain et le vin consacrés, le sacrifice de la Messe, le système ecclésial hiérarchique (évêques, prêtres et diacres), la virginité perpétuelle de Marie et son titre de « Mère de Dieu », la vénération et l'intercession des saints, et l'existence du purgatoire. Tout cela est attesté par des écrits Chrétiens remontant au second siècle après Jésus-Christ, voire pour certains au premier siècle.

« Bon » diront certains, mais cela ne prouve rien. Cela montre simplement que l'Eglise est devenue païenne encore plus vite qu'on le pensait. Ceux qui avancent cela, cependant, ne voient plus l'énorme faille de cette théorie d'une Eglise paganisée dès l'origine. Ils oublient en effet ou ne se savent pas que l'Eglise primitive était en guerre contre le paganisme. Il faut se souvenir que la plupart des personnages clés de l'Eglise aux premier et deuxième siècles de notre ère avaient personnellement connu les apôtres. C'est une tradition solidement établie que tous les apôtres (à l'exception de Jean) sont morts martyrs de leur foi. Et beaucoup de pères de l'Eglise aussi. Pourquoi donc ont-ils été jetés aux bêtes sauvages, ont-ils été égorgés, crucifiés ou brûlés vifs ? Pour leur refus absolu de se compromettre avec les mœurs et les croyances païennes. Il leur aurait souvent suffi d'accepter de brûler un peu d'encens à César pour être sauvés. Et pourtant innombrables furent ceux qui préférèrent la mort à cette allégeance symbolique à des dieux romains.

Les Pères de l'Eglise ne sont pas vraiment des personnages adulés en Israël dans les milieux messianiques. La raison essentielle en est leurs écrits, souvent porteurs d'une considération négative du Judaïsme et d'une certaine animosité contre le peuple juif. Même si cela peut s'expliquer par un certain antagonisme entre l'Eglise primitive et la Synagogue et s'il s'agit d'une réaction naturelle à la persécution dont les chrétiens furent l'objet de la part de la communauté juive, nous n'avons pas à être fiers du ton anti-judaïque de certains propos. Les écrits de ces Pères sont tout sauf des documents couverts par l'infaillibilité. Et les croyants messianiques ne sont pas toujours conscients que l'ennemi principal que combattaient jusqu'à y laisser leur vie les Pères de l'Eglise n'était pas le Judaïsme mais le paganisme Romain. Comment penser que ceux-ci aient pu être aussi inconditionnellement fidèle à l'Evangile tout en le pervertissant par des pratiques païennes ? Une hypothèse aussi absurde signifierait une sorte de schizophrénie collective et générale de l'Eglise Primitive et surtout un échec total du ministère de Jésus. Cela impliquerait que le Fils de Dieu, qui, de toute éternité connaît le cœur des hommes et qui a prié pour que les « puissances du mal ne prévalent jamais contre l'Eglise », aurait choisi un groupe de gens qui, bien qu'ayant reçu une effusion plénière de l'Esprit, bien qu'ayant donné leur vies pour l'annonce de la Bonne Nouvelle, auraient été si incompétents, si volages, si infidèles qu'ils auraient totalement distordu le message de leur maître et choisi des successeurs pour faire de même. Pire encore, le ministère de Jésus aurait été une telle faillite que la « véritable Eglise » aurait pratiquement disparu pendant quinze siècles pour ne réapparaître qu'avec Luther et ses doctrines du « salut par la foi seule » et de la « seule autorité de la Bible ».

Ceci ne me parait pas très logique, et cela ne correspond pas vraiment à l'image d'une Eglise qui « prévaudrait contre les puissances du mal». De fait, les faits historiques les plus avérés montrent que l'Eglise Primitive s'est toujours élevée avec force pour combattre avec acharnement la moindre tentative de déviation aussi minime fut-elle dans la doctrine. Si donc, des croyances païennes s'étaient infiltrées dans l'Eglise, comment se fait-il que nous n'ayons pas des textes attestant d'une résistance chrétienne à ce paganisme qui aurait mis en péril de l'intérieur la pureté de l'Evangile ? N'est-ce pas tout simplement parce que ces articles de foi (mis en doute par le protestantisme) ne sont pas du tout du paganisme mais font bien partie intégrante du corpus auquel adhéraient universellement les apôtres et la communauté des premiers chrétiens.

Adorer en Esprit et en Vérité

Cependant nous savons qu'il y a dans l'Eglise Catholique bien des pratiques qui apparemment ne découlent vraiment ni de la Bible ni du Judaïsme. Comment distinguer ce qui relève de pratiques païennes interdites et ce qui constitue des moyens légitimes de vénérer le Dieu d'Israël au sein de la Nouvelle Alliance ? Les moyens valides doivent-ils nécessairement être explicités dans la Bible ?

Les pratiques païennes interdites par Dieu dans le Tanakh le sont généralement pour l'une des deux raisons suivantes : Soit parce qu'elles impliquaient l'adoration de dieux étrangers, soit parce qu'elles transgressaient la Loi Morale (comme les sacrifices d'enfants). Avec la venue du Messie, la foi au Dieu d'Israël se trouva à la disposition de toutes les nations, et sans pour autant contraindre tout un chacun à l'observance complète de la Loi Mosaïque. Paul fut le héraut de cette cause. Bien qu'étant resté un juif fidèle pendant toute sa vie, en respectant le Sabbat et en célébrant les fêtes juives, il écrit que « L'un juge qu'il faut faire des différences entre les jours, l'autre juge qu'ils se valent tous : que chacun reste pleinement convaincu de son point de vue. Celui qui se préoccupe des jours le fait pour le Seigneur. De même, celui qui mange de tout le fait pour le Seigneur, car il rend grâce à Dieu ; mais celui qui ne mange pas de tout le fait aussi pour le Seigneur et il rend grâce à Dieu. » Rm 14,5-6. Il s'astreint aux lois kasher, et cependant il écrit « Je le sais, et j'en suis persuadé dans le Seigneur Jésus : aucune chose n'est impure en elle-même, mais si quelqu'un la considère comme impure, pour celui-là elle est impure. » Rm 14,14. Le critère principal pour ce qui concerne les pratiques religieuses et l'adoration est donc de rendre grâces au Dieu d'Israël et à son Messie, et de préserver sa Loi Morale. « Alors, que personne ne vous juge pour des questions de nourriture et de boisson, ou à propos de fête, de nouvelle lune ou de sabbat : tout cela n'est que l'ombre de ce qui devait venir, mais la réalité, c'est le Christ. » Col 2,16

Dans leur enthousiasme pour le Judaïsme, certains « croyants » en Israël oublient parfois que Dieu est le Dieu de l'Univers. Et certains semblent croire que toute pratique ou tout rite qui n'aurait pas son origine avérée dans le Judaïsme serait pour Dieu une abomination païenne. Et pourtant David écrit « Au Seigneur, le monde et sa richesse, la terre et tous ses habitants ! » Ps 24,1. Même si Dieu a choisi le peuple juif pour faire connaître ses desseins à toute l'humanité, Il reste le Maître de toute création, de toutes cultures, de toute connaissance, de toute science et de toute sagesse.

Karl Keating note « que les fondamentalistes oublient que même chez les païens on trouve une certaine vérité parmi leurs erreurs. Et les chrétiens ont retenu ces éléments de vérité, en les purifiant de ce qui était erroné pour qu'ils cessent d'être païens, et les ont utilisés pour mieux illustrer encore des notions chrétiennes. Le Christianisme donne un sens nouveau à des choses anciennes et, par là, les débarrasse de toute connotation païenne. Il s'agissait de fait de les refonder, et sans compromission aucune. » Nos pratiques religieuses en conséquence peuvent être excellentes et dépendent non pas de la nature des actes par lesquels elles s'expriment que par la signification que nous leur donnons.

Pour aller plus loin encore, si nous prenons cette « pagano-phobie » à la lettre, il nous faut rejeter beaucoup plus que des pratiques catholiques. Les juifs orthodoxes ne rejettent pas seulement les cultes de Marie et des saints et la doctrine de la Présence Réelle, mais nient aussi la divinité du Messie et le concept d'un Dieu Trinitaire (et pourtant ces notions sont bien sous-jacentes dans le Tanakh). Ne nous arrêtons pas là et rappelons-nous : il n'y avait que paganisme avant le Judaïsme ; est-ce que les croyants messianiques qui sont fiers de leur pratiques judaïsantes réalisent que la circoncision, les fêtes liées aux moissons, les sacrifices d'animaux, les castes de prêtres et l'existence de temples étaient des coutumes païennes présentes bien avant Abraham ? Si nous tentons d'éradiquer notre foi toute racine païenne, il ne nous restera qu'un vide parfait ! Dieu est toujours intervenu dans l'histoire de l'homme et partant des symboles profanes et païens pour les sanctifier en leur donnant un sens qui éclaire Son dessein sur l'humanité et qui contribue à Le glorifier. L'Eglise Catholique, par la grâce du magistère qui lui a été confié par Yeshua, n'a aucunement inventé en ce domaine. Elle n'a fait que débarrasser les coutumes anciennes de leur gangue païenne pour qu'elles participent à la plus grande gloire du Dieu d'Israël.

Judaïsme Messianique, Evangélisme et Catholicisme

Même si le Nouveau Testament n'impose en rien les modes de vie juifs aux croyants parmi les gentils, il n'y a pas non plus du tout d'intention de les faire disparaître. Je rends grâces d'avoir pu connaître les fêtes juives, le repos du Sabbat et les trésors de la Torah. Je suis persuadé que les croyants juifs ont une responsabilité essentielle pour sauvegarder, valoriser et faire fructifier avec amour le précieux héritage biblique. Le Christianisme a beaucoup perdu en laissant se perdre ses racines juives et il est très beau de voir tant de croyants parmi les gentils qui les redécouvrent aujourd'hui. Nous n'avons que des avantages à apprendre ce qu'est le Judaïsme et à l'aimer.

C'est la raison pour laquelle je fus très motivé en découvrant avec le Judaïsme Messianique des congrégations où Yeshua pouvait être loué à la manière juive. Mais s'agissait-il bien dans ces dévotions d'un authentique judaïsme ? Au fur et à mesure que je réfléchissais à la « judaïté » de la plupart des congrégations messianiques, je fus à nouveau extrêmement surpris, quand je réalisai que la « judaïté » la plus parfaite se trouvait ailleurs, là où jamais je n'aurais eu l'idée de la trouver.

Réfléchissons une minute à un office typique dans une congrégation messianique en Israël aujourd'hui. D'habitude on a d'abord trois quarts d'heure de louange, suivie par un court enseignement sur la Torah, des informations et des prières, un sermon, puis encore un temps de louange, de prière spontanée et d'envois personnels en mission. A quoi cela nous fait-il penser ? A l'Eglise Evangélique Américaine. C'est un office chrétien, parfois charismatique, avec quelles touches judaïsantes comme le « Shema », la lecture extraite de la Torah, un vocabulaire attentif à ne pas faire trop « chrétien » et peut-être la bénédiction d'Aaron. A part cela, on pourrait se demander si les offices messianiques sont vraiment partis de la Bible et du Judaïsme et pas plutôt des traditions protestantes et pentecôtistes.

Maintenant reprenons le judaïsme traditionnel : nous y trouvons une forme liturgique qui comporte des lectures de l'Ecriture Sainte, le chant des psaumes, des prières pour les défunts et qui laisse la place à une tradition orale. Quand nous observons le peuple d'Israël dans le Tanakh nous voyons aussi une hiérarchie d'hommes qui ont la responsabilité du peuple de Dieu ainsi que des moyens matériels - comme toute l'organisation d'un temple dédié aux sacrifices - pour exprimer des réalités spirituelles.

Où pouvait-on trouver une forme chrétienne de dévotion qui correspondrait au mieux à ceci ? Je dus admettre que c'était dans l'Eglise Catholique. La coutume de demander à Dieu sa miséricorde pour les défunts, en particulier, et qui n'est pas admise par les protestants car elle entre en conflit avec leurs principes sur le salut et qu'elle suppose l'existence d'un purgatoire, est une coutume ancienne chez les juifs jusque bien avant le temps de Yeshua. Et pour ce qui concerne les sacrements, je réalisai que c'était là la façon du Nouveau Testament d'exprimer des réalités spirituelles avec des moyens matériels. Ils n'éloignent en aucune façon du Christ, au contraire, Christ est vraiment présent en tout sacrement.

Beaucoup de nouveaux convertis mais qui ont connu dans leur jeunesse un environnement religieux, éprouvent une sorte de réaction « antireligieuse » en rencontrant Jésus dans leur vie. J'en étais et je disais volontiers en ce sens que « j'avais quitté les chaînes de la religion pour trouver la liberté en Christ », ou bien encore que j'avais adopté « une foi simple et directe en Christ » et que donc je n'avais plus aucun besoin de règles ou de règlementations. Le mot « religion » devenant un vilain mot à proscrire quand on était devenu un « croyant » (évangélique NDT).

Je réalise maintenant qu'une telle attitude ne se trouve nulle part dans les Ecritures. Yeshua et les prophètes avant lui ont certes dénoncé l'hypocrisie d'une religion vidée de son contenu profond, mais n'ont cependant jamais attaqué la structure religieuse pour autant. Isaïe, par exemple, écrit « Cessez d'apporter de vaines offrandes ; j'ai horreur de votre encens. Les nouvelles lunes, les sabbats, les assemblées, je n'en peux plus de ces crimes et de ces fêtes. Vos nouvelles lunes et vos solennités, moi, je les déteste : elles me sont un fardeau, je suis fatigué de le porter. » Is 1,13-14 Ces mots sont durs, et pourtant tout le monde sait qu'Isaïe ne critiquait pas pour autant la religion juive (établie par Dieu), mais les pratiques hypocrites de ceux dont les cœurs n'étaient pas ouverts à Dieu.

Je faisais bien cette distinction en lisant Isaïe, mais je ne la percevais aucunement quand je m'attaquais au catholicisme. Je ne percevais qu'une structure, un appareil religieux, je ne voyais que des fidèles, bien piètres témoins du Messie (comme hélas je l'avais été autrefois moi-même), et j'en concluais en conséquence, que cette religion devait être dans son ensemble totalement corrompue. Je n'imaginais pas qu'il pût y avoir une liturgie bonne et valide mais qui soit desservie à cause de gens à la sainteté défaillante. Je pensais que les premiers Chrétiens avaient certainement des offices plus spontanés, genre « pentecostal » (pentecôtistes) sans ritualisme précis. Mais là encore, en scrutant ce que l'on peut savoir de l'Eglise primitive, je m'aperçus que je me trompais et je découvris des textes attestant de formes très anciennes de prière qui étaient de fait … la liturgie catholique et qui avaient germé à partir des liturgies de la synagogue.

Non seulement le Catholicisme n'est pas du paganisme me dis-je avec stupéfaction mais il a ses racines profondément juives ! Qui aurait pu croire cela ? Et de fait, beaucoup de juifs font effectivement cette découverte étonnante. J'ai trouvé sur le site Catholic Answers, plusieurs ouvrages qui présentent des témoignages de Juifs qui ont rencontré le Messie au sein même de l'Eglise Catholique. Beaucoup de ces histoires sont sidérantes. Certains se sont directement convertis du Judaïsme au Catholicisme ; d'autres ont découvert le Messie par l'intermédiaire du Christianisme Evangélique ou du Judaïsme Messianique, et n'ont découvert que plus tard l'intégralité de leur foi au sein de l'Eglise Catholique.

Eugenio Zolli, par exemple, était le Grand Rabbin de Rome pendant la Seconde Guerre Mondiale. Malgré ce titre important, il a été effacé de la mémoire à la fois des Juifs orthodoxes et des Juifs messianiques uniquement parce qu'il est devenu Catholique. Cet homme brillant raconte son histoire dans le livre « Before the Dawn » (Avant l'Aurore) ; histoire d'autant plus fascinante qu'il s'agit d'un juif menacé par la persécution des Nazis. Il est intéressant de noter qu'il exprime toute sa reconnaissance à Pie XII pour ce qu'il a fait pour protéger les juifs à Rome contre cette persécution, ce pape qu'aujourd'hui on accuse d'inaction et de manque de réaction pendant l'Holocauste !

Rosalind Moss est un exemple de Juive orthodoxe qui rencontra son Messiah grâce à « Jews for Jesus » et qui s'est consacrée au service du Seigneur pendant 18 ans dans l'Eglise Evangélique. Puis, en étudiant le Christianisme à travers l'histoire et l'exégèse, elle s'est rendu compte qu'en réalité c'était bien l'Eglise Catholique que Yeshua avait fondée il y a 2000 ans. Elle fit son entrée dans l'Eglise Catholique en 1995 et a travaillé par la suite pour l'organisation « Catholic Answers » avant de fonder un nouvel ordre religieux.

Parmi d'autres exemples de Catholiques d'origine juive, on trouve aussi ceux bien connus des frères Theodore et Alphonse Ratisbonne, qui fondèrent les Pères et les Sœurs de Sion en 1852, deux congrégations dédiées à la prière et à l'évangélisation du peuple Juif ; Sœur Edith Stein, qui mourut dans les chambres à gaz d'Auschwitz en offrant sa vie « comme sacrifice pour la conversion des Juifs », Jean-Marie Lustiger, Cardinal et archevêque de Paris, qui, comme Zolli, fut baptisé pendant la Seconde Guerre Mondiale ; David Moss, frère de Rosalind, déjà citée, et président de l'Association des Catholiques Hébreux (Hebrew Catholics) ; et Marty Barrack, auteur du livre « Le Second Exode », qui éclaire si bien l'héritage juif dont bénéficie l'Eglise Catholique. Ce livre est la pièce maîtresse de l'association « Second Exodus » de Marty qui a pour vocation d'aider les Catholiques à aider les Juifs qui veulent en savoir plus sur l'Eglise.

Retour à la messe

En octobre 2001, après une absence de six ans, je suis retourné à la Messe. Je fis la découverte à Jérusalem d'une petite communauté Hébraïque/Catholique. Le fait d'entendre la Messe en hébreu pour la première fois fut une authentique expérience spirituelle. J'en étais encore à me demander s'il pouvait y avoir quelque compatibilité que ce fût entre le Catholicisme et le Judaïsme. Et mes doutes furent vite balayés comme je découvrais la beauté de la liturgie Catholique en hébreu. Cependant, compte tenu que j'habitais Tel Aviv, ce fut surtout à l'église St Antoine de Jaffa que je redécouvris les merveilles de la Messe, où officiaient les Pères Malachy Brogan et Mose Schroder au sein de leur radieuse communauté philippine.

Difficile parfois de croire comme le temps peut nous faire changer. Il y a huit ans, je trouvais la Messe d'un ennui qui battait tous les records. Quatre ans plus tard, je tenais la Messe pour le plus terrible blasphème vis-à-vis du Christ mort sur la Croix pour nous. Et aujourd'hui finalement je crois profondément que la Messe est le sommet de notre cheminement de foi comme croyants, l'ultime expérience des authentiques adorateurs et la plus profonde expression de l'amour du Messie pour son peuple. La Messe est totalement christocentrique. Elle est la plus intime communion de l'Epoux et de son épouse, l'Eglise, et nous associe en cet instant à Lui dans son éternel sacrifice. L'assistance à la messe n'est pas seulement un moyen de préserver un temps au Seigneur dans des agendas surchargés mais elle permet de vivre l'Evangile au plus profond chaque semaine - voire même chaque jour ! J'ai trouvé la liberté dans le déroulement de la Messe et la paix dans son rituel.

L'Eucharistie : Ceci est mon corps

J'ai fait allusion plus haut à mes interrogations après quelques années dans le monde Evangélique/ Messianique, soupçonnant qu'il manquait quelque chose dans les offices auxquels je participais. Ces doutes portaient en particulier sur ce que je comprenais des récits évangéliques du repas de la Cène où je voyais beaucoup plus de signification que dans les « Célébrations mémorielles » des protestants. Je me demandais aussi pourquoi nous ne communiions que si rarement - une fois par mois au plus selon la communauté - alors que l'exemple qui nous était donné dans les Actes des Apôtres étaient de partager le pain quotidiennement (Ac 2,46).

Et je méditais particulièrement sur la force avec laquelle Yeshua nous dit dans Jean chapitre 6 : « Amen, amen, je vous le dis, si vous ne mangez pas la chair du Fils de Dieu et si vous ne buvez pas Son sang, vous n'aurez pas la vie en vous » Jn 6,53… « Car ma chair est la vraie nourriture et mon sang la vraie boisson » (v 55). Les mots sont si forts que l'on pourrait presque croire qu'il préconise l'anthropophagie. Beaucoup parmi ses disciples le quittèrent justement parce qu'ils étaient incapables de recevoir ce message si difficile. Et cependant Yeshua ne revient aucunement sur ce qu'il a dit et ne fait même pas allusion à une possible métaphore. De même on n'a pas vraiment l'impression qu'il s'agit d'une image, quand, à la dernière Cène, il dit : « Ceci est mon corps … ceci est mon sang ». De la même façon Paul écrit que « celui qui aura mangé le pain ou bu la coupe du Seigneur d'une manière indigne devra répondre du Corps et du Sang du Seigneur. » 1Co 11,27 et que « Celui qui mange et qui boit mange et boit son propre jugement s'il ne discerne pas le Corps du Seigneur. » (v 29). Comment être coupable du Corps et du Sang du Christ, s'il n'était pas véritablement présent lui-même par une présence plus réelle que spirituelle ?

Il me paraissait tout à coup que les vrais « Croyants en la Bible » étaient là : les Catholiques, qui croyaient tout simplement ce qui était écrit de façon si directe ! Le sens de ces versets me paraît maintenant si clair que je me demande comment j'ai pu jamais renier la Présence Réelle du Messie dans les espèces du pain et du vin. Je compris que mon incroyance n'était pas fidélité à la Bible, mais au contraire que je prenais délibérément le parti de ceux des disciples qui ayant douté s'éloignèrent de Lui parce qu'ils jugeaient Ses paroles inacceptables.

Les écrits chrétiens les plus anciens sont tous unanimes à manifester une foi profonde en la Présence Réelle du Corps et du Sang du Seigneur dans le pain et le vin consacrés. Ignace d'Antioche, par exemple, écrit aux alentours de 110 ap. JC, c'est-à-dire moins de 20 ans après la mort de l'apôtre Jean et deux siècles avant Constantin, à propos d'hérétiques qui avaient des opinions « en désaccord avec la pensée de Dieu » : « Ils s'abstiennent de l'Eucharistie et de la prière, parce qu'ils ne confessent pas que l'Eucharistie est le Corps de notre Sauveur Jésus Christ, corps qui a souffert pour nos péchés et que le Père, dans son infinie bonté, a rendu à la vie. Ceux qui refusent le cadeau de Dieu périssent dans leurs disputes ». On comprend pourquoi, en utilisant des mots aussi forts pour leur foi en la Présence Réelle, les premiers chrétiens étaient taxés de « cannibales » à qui on reprochait « des sacrifices humains » par les païens.

Le Sacrifice de la Messe

Pendant des années, la nature sacrificielle de la Messe fut pour moi une des pierres d'achoppement les plus évidentes de l'Eglise Catholique. Non seulement les Catholiques considéraient l'Eucharistie comme plus qu'une commémoration, non seulement prétendaient-ils que le pain et le vin étaient de fait le Corps et le Sang du Christ, mais ils allaient jusqu'à dire que la Messe était véritablement un sacrifice offert à Dieu. Cette affirmation semblait en complète contradiction avec le thème récurrent de l'épître aux Hébreux, à savoir que le sacrifice du Christ a été offert totalement et une fois pour toutes au Calvaire. « Mais en fait, c'est une fois pour toutes, à la fin des temps, qu'il s'est manifesté pour détruire le péché par son sacrifice. » He 9,26. « Or, quand le pardon est accordé, on n'offre plus le sacrifice pour le péché. » He 10,18. Je pensais que le sacrifice de la Messe impliquait que le Fils de Dieu soit re-sacrifié à chaque fois, que donc son œuvre sur la croix avait été incomplète et que les Catholiques étaient coupables de Le crucifier toujours à nouveau.

Comme pour les autres points, le problème résidait dans une méconnaissance de ma part des enseignements que l'Eglise Catholique donne à propos de la Messe. L'Eglise enseigne clairement que le sacrifice du Christ fut complet et définitif. Jamais ceci ne fut remis en cause. Ce que fait l'Eucharistie c'est à chaque fois de re-présenter, de rendre présent plutôt, le sacrifice de la croix. Que faut-il donc entendre par là ?

Nous, les hommes sommes esclaves du temps. Quand nous pensons au sacrifice de Yeshua sur la croix, nous pensons à un évènement daté de l'an 32 de notre ère. Cependant Dieu est hors du temps. Nous savons que Yeshua est l'agneau offert en sacrifice depuis la création du monde (Ap 13,8). Pierre expose la même idée en disant que « Dès avant la fondation du monde, Dieu l'avait désigné d'avance et il l'a manifesté à la fin des temps à cause de vous » 1P 1,20. Même Jean, contemplant une vision de l'éternité, regardait le Lion de Juda et voyait « Et j'ai vu, entre le Trône, les quatre Vivants et les Anciens, un Agneau debout, comme égorgé. » Ap 5,6

On comprend alors que le sacrifice du Fils de Dieu est éternel. Il était déjà présent au commencement, et sera présent de toute éternité. Les Evangéliques n'ont aucun problème avec cette notion quand ils parlent « d'entrer dans le royaume de Dieu », « d'aller à la croix », ou « d'implorer le sang de Yeshua ». Quand nous implorons le sang dans notre prière, personne ne nous accuse de re-sacrifier le Christ ou de réduire la valeur de ce qu'il fît sur la Croix. Ce que nous faisons c'est d'appliquer et de rendre spirituellement présent dans nos vies l'unique sacrifice. C'est le même principe qui s'applique à la Messe. Par elle le sacrifice éternel de l'Agneau de Dieu est présent parmi nous à travers le pain et le vin, pas seulement d'une façon spirituelle mais sacramentelle.

Y a t'il dans les Ecritures une référence à un sacrifice perpétuellement renouvelé du pain et du vin ? De fait, oui. L'épitre aux Hébreux compare Yeshua, grand-prêtre à Melchisédech, grand-prêtre du Premier Testament (He 7,15-21). Et quelles offrandes apportait Melchisédech ? Nous lisons en Genèse 14,18 qu'il offrait … du pain et du vin ! Le prophète Malachie parle aussi d'une offrande perpétuelle présentée à Dieu parmi les nations : « Car du levant au couchant du soleil, mon nom est grand parmi les nations. En tout lieu, on brûle de l'encens pour mon nom et on présente une offrande pure, car mon nom est grand parmi les nations, - dit le Seigneur de l'univers. » Mal 1,11 Les premiers croyants associèrent directement cette prophétie avec l'Eucharistie. Nous voyons cela dans la Didaché, l'un des premiers écrits chrétiens qui remonte à la fin du premier siècle : « Rassemblez-vous au Jour du Seigneur, rompez le pain et offrez l'Eucharistie, mais après avoir confessé vos péché, afin que votre sacrifice soit un sacrifice pur. Que quiconque a un différend avec son proche ne prenne pas part avec vous tant qu'ils ne se seront pas réconciliés, pour éviter que soit profané votre sacrifice. Car il s'agit bien de cette offrande dont le Seigneur a dit 'En tout lieu, on présente une offrande pure, car mon nom est grand parmi les nations, - dit le Seigneur de l'univers. Je suis un grand roi - dit le Seigneur de l'univers -, et mon nom inspire la crainte parmi les nations.' » Mal1,11-14

Une autre approche pour comprendre l'Eucharistie est de la regarder à travers ce qui l'a précédée, le sacrifice Pascal. Même si la délivrance de l'esclavage en Egypte n'est arrivée qu'une seule fois dans l'histoire d'Israël, le sacrifice de l'agneau pascal s'est reproduit de génération en génération (Ex 12,14). Tout juif, quand il célèbre la Pâques aujourd'hui, doit se remémorer la délivrance de l'esclavage en Egypte comme si Dieu le délivrait lui-même personnellement de son Egypte. Le sacrifice pascal - exactement comme le sacrifice de l'Agneau de Dieu, est un évènement ponctuel qui se perpétue pour toutes les générations et s'applique de façon singulière à ceux qui le célèbrent.

Les croyants Messianiques aiment à faire remarquer les ressemblances entre le sacrifice pascal et le sacrifice de l'Agneau de Dieu, comme le sang versé pour l'expiation et le fait qu'aucun os ne soit brisé. Cependant ils oublient un détail d'importance : l'agneau pascal, pour que tout soit accompli doit être consommé. Comment cela se réalise-t-il dans la Nouvelle Alliance ? Pour un Catholique, la réponse est simple. En mangeant le pain du Ciel, la chair de l'Agneau de Dieu. Ceci n'est pas du tout une idée païenne mais au contraire un concept bien conforme à la Bible. On retrouve les origines juives de l'Eucharistie dans l'offrande par Melchisédech du pain et du vin, dans l'Agneau Pascal, dans l'offrande perpétuelle dont parle Malachie et surtout dans les paroles mêmes du Seigneur dans le sermon sur le pain de vie et lors de la dernière Cène.

Mais pourquoi avons-nous besoin de ce sacrifice Eucharistique, me demandais-je souvent ? Après tout, le Christ demeure en nous, croyants. Nous sommes des temples de l'Esprit Saint, en communion avec le Père. Une fois que nous avons « reçu » le Christ, ne le possédons-nous pas ? Serait-ce qu'il nous quitte en fin de semaine que nous devions Le recevoir à nouveau par la communion du Dimanche ?

La réponse à cette question peut se voir dans le parallèle qu'il y a entre le Messie et son épouse et l'amour entre époux (Ep 5,25). Un mari et sa femme sont certes unis l'un à l'autre, cependant leur amour mutuel ne s'exprime pas toujours avec la même intensité. Il peut arriver qu'ils ne soient plus absolument conscients de leur amour dans le cours quotidien de la vie. Mais dans l'union conjugale, un homme et une femme expriment leur amour en se donnant l'un à l'autre, en se recevant l'un l'autre dans un don total. Et un croyant éprouve les mêmes variations d'intensité dans sa relation d'amour avec Dieu. On peut passer par des périodes de grande sécheresse comme par une expérience intense et intime dans l'adoration. Et l'expérience la plus forte, l'acte le plus intime qui puisse se faire entre l'Epoux et son épouse, l'Eglise est bien le don qu'Il nous fait sous les espèces du pain et du vin. Il s'agit vraiment d'un échange entre l'humain et le divin, lorsque nous Lui offrons nos vies comme un sacrifice vivant (Ro 12,1) et que nous Le recevons en retour et participons ainsi à sa nature divine (2P 1,4)

L'idée qu'une hostie, simple galette de pain puisse contenir Dieu est certainement hors de portée d'un entendement humain. Mais n'en est-il pas de même pour l'incarnation ; la Divinité totale de Dieu demeurant dans l'homme Yeshua (Co 2,9), aussi bien que la présence réelle de Dieu qui demeurait dans le Saint des Saints au temps de la Première Alliance. Dieu a toujours eu le désir d'être « l'Emmanuel », Dieu avec nous. Et il est avec nous de façon incomparable dans l'Eucharistie.

La Communion des Saints

Pendant mon temps d'exil volontaire et de combat contre le Catholicisme, ce que j'exécrais par-dessus tout c'était bien la dévotion à Marie et la vénération des saints. Je considérais ces pratiques comme de dangereuses déviations qui éloignaient de la centralité du Messie et de message de la croix. Et très honnêtement, bien qu'adhérant totalement aujourd'hui aux enseignements de l'Eglise à ce propos, je continue à croire qu'un certain nombre de Catholiques abusent de ces pratiques au risque de vivre une vie chrétienne déséquilibrée où la Parole de Dieu ne peut plus avoir toute sa place.

Cependant, je crois que si un juste équilibre est maintenu, la communion et l'intercession des saints sont une manière magnifique et tout à fait biblique de parfaire l'héritage que nous laisse le Messie. Les Protestants acceptent généralement la communion des saints entre nous sur cette terre et celle que nous connaîtrons au Ciel quand nous y serons tous en Dieu. En attendant pourtant ils semblent considérer qu'un mur infranchissable sépare les saints du Ciel de ceux de la terre. Nous ne devrions pas être en mesure de communiquer avec ceux qui sont déjà avec le Seigneur et qui ne sont donc en aucun cas concernés par ce que nous vivons sur la terre.

Je ne crois pas que ce point de vue soit très conforme à la Bible. On y trouve des commandements qui interdisent de prendre contact avec les morts, comme par exemple « On ne trouvera chez toi personne qui fasse passer son fils ou sa fille par le feu, personne qui scrute les présages, ou pratique astrologie, incantation, enchantement, personne qui use de magie, interroge les spectres et les esprits, ou consulte les morts. » Dt 18,10-11 Il faut vraiment extrapoler un tel passage, cependant, pour en déduire une condamnation des prières d'intercession adressées aux saints. D'abord parce que le contexte est clairement celui de la sorcellerie, de l'occultisme et de la divination, avec l'objectif de s'approprier des pouvoirs qui ne viennent pas de Dieu ou d'obtenir des informations sur l'avenir. Mais rien de ce que l'on retrouve dans la dévotion Catholique concernant les saints. Par ailleurs, l'interdiction biblique est de « consulter les morts ». Demander aux saints leur intercession auprès de Dieu n'est pas vouloir les « consulter » personnellement. Les Catholiques ne comptent pas (ou ne devraient pas compter) sur une apparition des saints qui nous dévoilerait une sorte de révélation d'ordre divinatoire.

Un autre argument couramment invoqué pour critiquer la dévotion envers les saints a pour base le verset de 1Ti 2,5 « En effet, il n'y a qu'un seul Dieu ; il n'y a aussi qu'un seul médiateur entre Dieu et les hommes : un homme, le Christ Jésus ». Certes, Yeshua est bien le seul médiateur, et toutes nos prières passent par Lui. Mais que se passe-t-il quand un de mes amis me demande de prier pour lui ? Devrais-je le reprendre et lui dire : « Comment oses-tu court-circuiter le seul médiateur qui est le Christ et me demander mon intercession. Prie donc Dieu toi-même par Yeshua ! ». Je ne crois pas que cela soit mon devoir ! Nous savons tous qu'il est conforme à la Bible et bon de prier les uns pour les autres. Personne ne pense à s'offusquer et à défendre en ces circonstances l'unique intercession du Christ. Et en quoi cela serait-il différent avec notre famille du Ciel ? Je ne peux croire que, si je meurs demain, je perdrai immédiatement tout intérêt, toute compassion pour mes amis et la famille. Au contraire, ayant atteint la sainteté parfaite et voyant le Seigneur face à face, ne serais-je pas dans une situation privilégiée pour Lui présenter dans la prière ceux que j'aime ?

Dans Luc au chapitre 16, l'homme riche qui souffre dans l'Hadès se souvient de ses frères et prie pour eux. Il y a là une triple attestation des doctrines catholiques dans ce passage : il est bien mort et pourtant pas encore au Ciel ; cependant, il intercède encore pour ses frères. De plus, il ne s'adresse pas directement à Dieu mais à Abraham. Les âmes du purgatoire pourraient-elles elles aussi intercéder pour nous ? A en croire ce passage de l'Evangile n'est-ce pas une hypothèse plausible ? L'homme riche demande à Abraham de renvoyer Lazare sur la terre pour mettre en garde ses cinq frères. Il est d'ailleurs étonnant de penser à ce propos à cet homme du même nom que Yeshua ressuscita des morts (Jn 11). Coïncidence ? Peut-être … ou peut-être pas. Le texte ci-dessus ne précise pas qu'il s'agit d'une parabole. Il est en tout cas surprenant si c'était le cas que Yeshua utilise le prénom d'un de ses proches amis.

Dans l'Apocalypse, nous voyons les 24 anciens qui présentent les prières des saints à Dieu (Ap 5,8). Un ange fait de même un peu plus loin (Ap 8,3). Au chapitre 6 nous avons encore un exemple de saints « qui furent égorgés à cause de la parole de Dieu et du témoignage qu'ils avaient porté. » et qui maintenant prient et demandent vengeance (Ap 6,9-11). Dans l'épître aux Hébreux également, nous découvrons que nous sommes littéralement entourés en permanence par une foule de témoins, les saints des temps révolus (He 12,1). Un témoin est par définition quelqu'un qui voit. Si nous sommes ainsi accompagnés par une foule de témoins, comment pourrions-nous être séparés d'eux ? Ne sommes-nous pas au contraire portés par leurs encouragements alors que nous sommes sur le sprint final ! La Bible est explicite : « Vous êtes venus vers la montagne de Sion et vers la ville du Dieu vivant, la Jérusalem céleste, vers des myriades d'anges en fête et vers l'assemblée des premiers-nés dont les noms sont inscrits dans les cieux. Vous êtes venus vers Dieu, le juge de tous, et vers les esprits des justes amenés à la perfection. » He 12,22-23

Catholicisme et idolâtrie

L'abondance d'images et de statues chez les Catholiques choque profondément Protestants et Juifs. Les Catholiques sont accusés d'idolâtrie et de violation manifeste du second commandement : « Tu ne feras aucune idole, aucune image de ce qui est là-haut dans les cieux, ou en bas sur la terre, ou dans les eaux par-dessous la terre. Tu ne te prosterneras pas devant ces dieux, pour leur rendre un culte. » Ex 20,4-5 Il s'agit là d'une accusation sérieuse et légitime qu'il faut prendre au sérieux.

Précisons d'emblée que l'Eglise Catholique a toujours condamné l'idolâtrie. Dans le Catéchisme de l'Eglise Catholique on lit « Le premier commandement condamne le polythéisme. Il exige de l'homme de ne pas croire en d'autres dieux que Dieu, de ne pas vénérer d'autres divinités que l'Unique. L'Écriture rappelle constamment ce rejet des " idoles, or et argent, œuvres de mains d'hommes ", elles qui " ont une bouche et ne parlent pas, des yeux et ne voient pas ... ". Ces idoles vaines rendent vain : " Comme elles, seront ceux qui les firent, quiconque met en elles sa foi " … Elle consiste à diviniser ce qui n'est pas Dieu. Il y a idolâtrie dès lors que l'homme honore et révère une créature à la place de Dieu, … L'idolâtrie est une perversion du sens religieux inné de l'homme. » (CEC 2112-2114)

Puisque l'Eglise condamne l'idolâtrie aussi catégoriquement, comment peut-on justifier alors l'usage de statues et d'images ? Mais le Catéchisme précise que : « Cependant dès l'Ancien Testament, Dieu a ordonné ou permis l'institution d'images qui conduiraient symboliquement au salut par le Verbe incarné : ainsi le serpent d'airain, l'arche d'Alliance et les chérubins. » (CEC 2130)

La raison de cette interdiction de toute représentation de Dieu faite de main d'homme est expliquée dans le Deutéronome « " Puisque vous n'avez vu aucune forme, le jour où le Seigneur, à l'Horeb, vous a parlé du milieu du feu, n'allez pas vous pervertir et vous faire une image sculptée représentant quoi que ce soit ... " (CEC 2129 ; Dt 4,15). Dieu ne pouvait être représenté matériellement dans l'Ancien Testament parce qu'il s'était manifesté au Peuple d'Israël de façon purement transcendante. Cependant, par l'incarnation du Christ, Son Fils, Dieu s'est révélé comme une parfaite icône de lui- même. Paul dit du Christ qu'il « est l'image du Dieu invisible, le premier-né, avant toute créature » Col 1,15. Le Christ lui-même est la divine icône tangible du Dieu de l'univers, invisible et infini, mais qui s'est fait visible en se faisant chair et qui a habité parmi nous.

L'iconographie chrétienne transcrit par l'image le message évangélique que l'Écriture Sainte transmet par la parole. (CEC 1160) Les images et les statues sont là simplement pour nous aider à nous remémorer les personnages de l'Evangile, exactement comme on peut conserver la photo d'un être aimé dans notre portefeuille pour nous souvenir de lui ou d'elle. Il est donc erroné de considérer l'usage que les catholiques font des images comme celui que firent les juifs du Veau d'Or. Non, les Catholiques n'adorent pas des statues et ne les prennent pas pour Dieu, et ne pensent même pas qu'elles puissent avoir des pouvoirs particuliers. En conséquence je n'éprouve aucune gêne à admirer des représentations du Christ de Marie ou des saints, comme des moyens de se rappeler leurs vies et leurs exemples. Ils ont vécu avec leur corps et des artistes peuvent bien œuvrer à les figurer. Il reste cependant, je l'avoue, que je n'aime pas quand on embrasse ou que l'on vénère trop ostensiblement une statue. Même s'il ne s'agit pas de vénérer ni d'honorer et encore moins d'adorer la statue pour elle-même, certains gestes pouvant être facilement mal interprétés, je trouve que les Catholiques devraient veiller à ne pas les faire.

Marie : Voici ta mère

La dévotion sincère Mariale de beaucoup de Catholiques conduit généralement les Evangéliques et les Messianiques à se précipiter pour revêtir leur armure de combat. Je pense avoir eu l'occasion d'entendre gronder toute cette artillerie lourde et vicieuse contre Marie, couvrant à l'extrême ces théories qui prétendent que cette femme « qu'adorent » les Catholiques est une réincarnation d'une déesse grecque ou même Satan lui-même déguisé en ange de lumière. Marie était elle-même en point de mire de mes attaques anticatholiques il y a quelques années et je continue à croire que beaucoup de Catholiques mettent trop l'accent sur Marie à défaut de bien connaître Yeshua.

Et pourtant, dans son juste rôle, Marie ne prend pas la place de Yeshua ; bien plus, elle nous conduit à Lui. Elle n'est pas divine, mais pleinement humaine. Elle n'est ni plus grande ni égale à Lui, et ne devrait pas être adorée. Comme elle le dit aux serviteurs à Cana, elle nous dit à nous aussi « Faites tout ce qu'il vous dira » Jn 2,5. Cependant quand elle rendit visite à sa cousine Elisabeth, enceinte, cette humble jeune fille juive déclama son chant de louange en disant « Toutes les générations me diront bienheureuse » Lc 1,48. Et la question est de savoir quand des Evangéliques et des Messianiques se plieront à cette injonction de l'Ecriture et la « diront bienheureuse », au lieu de déprécier sa place dans l'histoire sainte à temps et contretemps ?

Dans le livre de l'Apocalypse, nous lisons qu'« Un grand signe apparut dans le ciel : une Femme, ayant le soleil pour manteau, la lune sous les pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles… Elle est enceinte, elle crie, dans les douleurs et la torture d'un enfantement… Or, elle mit au monde un fils, un enfant mâle, celui qui sera le berger de toutes les nations, les conduisant avec un sceptre de fer. » Ap 12,1-2. 5 Franchement je ne comprends pas comment on peut ne pas comprendre immédiatement qu'il s'agit de Marie, sauf à avoir adopté a priori des positions théologiques qui nous interdisent d'accepter ce que dit tout simplement ce texte.

Le titre donné à Marie de « Mère de Dieu » est odieux pour des Evangéliques ou des Messianiques, car il semble impliquer que Marie existait avant que Dieu n'existât. Je le pensais aussi avant de comprendre ce que signifie exactement cette expression. En grec on parle de Marie « Theotokos » dont la traduction la plus fidèle serait peut-être « Qui a porté Dieu ». Le qualificatif de Theotokos était déjà en vigueur vers la fin du second siècle après Jésus-Christ et le dogme correspondant fut déclaré en 431 en réponse à une hérésie qui mettait en doute la divinité de Yeshua. Cette hérésie, le Nestorianisme, prétendait que Marie était mère du Christ et non mère de Dieu. Et cette distinction impliquait deux natures distinctes humaine et divine au Christ qui était ainsi comme dédoublé en deux personnes. D'appeler Marie la Mère de Dieu ne lui donne à elle aucun caractère divin, mais par contre précise bien que Yeshua était pleinement Dieu et pleinement homme, unifié en une seule personne.

L'Immaculée Conception, qui signifie que Marie a été préservée de la tache du péché originel est un autre dogme considéré comme inacceptable par les Evangéliques (même si Martin Luther y croyait). On dit que ce dogme est en contradiction avec le verset « tous les hommes ont péché, ils sont privés de la gloire de Dieu » Ro 3,23 et avec les paroles mêmes de Marie « Exulte mon esprit en Dieu mon Sauveur » Lc 1,47. Le fait que Marie admette la nécessité d'avoir un Sauveur n'est pas en contradiction avec l'Immaculée Conception. De fait elle avait besoin du Salut apporté par Yeshua autant qu'un autre. Mais la différence est que ce Salut lui a été donné avant même sa naissance. Une analogie classique est celle du puits profond dont Dieu nous sauve en descendant nous y chercher. Avec Marie, Dieu l'a préservée de la chute avant même qu'elle n'y tombe. Sa puissance salvatrice a été encore plus grande pour Marie que pour nous.

Pour ce qui concerne Romains 3,23, Paul ne précise aucunement qu'il ne puisse y avoir des exceptions. Adam et Eve furent des exceptions en étant nés sans le péché originel. Yeshua fut une exception. Les enfants morts dans le sein de leur mère sont aussi des exceptions, n'ayant jamais péché. L'annonce faite par l'ange à Marie « Réjouis-toi Marie, comblée de grâces. » Comblée de grâces ou pleine de grâces est la traduction du grec kecharitomene qui évoque la perfection d'une grâce qui est à la fois unique et permanente, et qui conduit à croire à l'absence de tout péché dans l'existence de Marie. Par sa sainteté, Marie est le modèle parfait, l'archétype de l'Eglise, présentée à Dieu sans ride et sans tache.

Mais le point le plus délicat pour des Protestants à propos de Marie est son rôle de co-rédemptrice aux côtés du Christ. Mais contrairement aux dogmes de « Mère de Dieu », de l'Immaculée Conception ou de l'Assomption, le rôle de Marie comme co-rédemptrice ne fait pas l'objet d'un dogme catholique ; ce n'est qu'un point de discussion dans l'Eglise aujourd'hui. De toutes façons, il ne s'agit pas d'égaler le rôle de Marie à celui du Christ dans son œuvre rédemptrice - celle -ci demeurant propre à Lui qui est l'unique Rédempteur de l'Humanité. Alors que recouvre l'idée de Marie co-rédemptrice ? En un sens, tous les fidèles participent à l'œuvre de la rédemption. Paul exprime ceci dans l'épître aux Colossiens : « Maintenant je trouve la joie dans les souffrances que je supporte pour vous ; ce qui reste à souffrir des épreuves du Christ dans ma propre chair, je l'accomplis pour son corps qui est l'Église. » Col 1,24

Ce n'est pas que ce que le Christ a souffert sur la Croix n'était pas suffisant, mais il semble bien qu'Il ait voulu mystérieusement nous inclure, nous pauvres créatures humaines dans son œuvre de rédemption de l'humanité par nos prières, notre travail et notre amour. Et Marie, dans son intime partage avec les souffrances de son Fils, a joué un rôle très particulier en participant à la rédemption du Christ.

Comme modèle parfait de foi, de service et d'obéissance, Marie est aussi le plus parfait modèle qui puisse être donné aux hommes pour participer à cette œuvre de rédemption. Tous les mérites en reviennent à Yeshua et nous sommes appelés à la même tâche glorieuse. En ce qui me concerne, je ne suis pas favorable à ce que le titre de co-rédemptrice soit élevé au rang d'un dogme, non pas tant que je l'interprèterais comme une hérésie consistant à mettre Marie au niveau du Messie, mais tout simplement parce que je craindrais que cela n'entraîne d'aucuns à commettre cette erreur d'interprétation.

Pour résumer, Marie n'est pas une divinité et n'est pas à mettre à égalité avec Son Fils. Ce n'est pas elle qui sauve et elle a autant besoin que nous d'être sauvée. Cependant, comme elle-même l'a prophétisé et comme on peut le lire dans l'Apocalypse, elle a trouvé, au Ciel, une place royale et magnifiée. Quand, sur la croix, Yeshua confia Jean à Marie par ces mots « Femme, voici ton fils ! » et qu'il dit au disciple « Voici ta mère » Jn 19,27, c'était beaucoup plus qu'un arrangement familial privé. (Ce qui aurait été vraiment surprenant de la part de quelqu'un qui souffrait l'agonie sur la croix et qui - pour les protestants qui pensent que Yeshua avait des frères - aurait été de plus bien étrange). Non, bien plus que cela, Yeshua établissait Marie comme la Mère de l'humanité, la nouvelle Eve prophétisée par la Genèse dont il est dit « que sa descendance aura une hostilité pour le serpent dont elle meurtrira la tête »

Retour à la maison du fils prodigue

Confronté à tant d'évidences bibliques et historiques qui me clamaient la Vérité de l'Eglise Catholique, il ne me restait plus qu'une chose à faire. Je ne pouvais plu me tenir la conscience tranquille devant le Seigneur tout en vivant dans cet environnement rebelle à l'Unique Eglise qu'il avait lui-même fondée. Souvent j'avais prié pour l'unité des chrétiens ; aujourd'hui je réalise combien j'avais de fait participé à leur désunion en restant séparé de l'Eglise Catholique.

Mais là où j'en étais arrivé, ma motivation avait largement dépassé de simples considérations théologiques ou historiques ou le remords de m'être rebellé contre le Catholicisme. Certes la perspective d'adhérer à une doctrine sûre et cohérente était attrayante après tout le flou théologique qui règne dans les églises Evangéliques et Messianiques, mais dans tout cela n'apparaît pas cette puissance de vie qui m'animait maintenant. Je cherchais la vérité et je trouvai l'Amour. Le retour que j'avais échafaudé avec réticence se transforma en de joyeuses retrouvailles dans la maison du Père. J'en étais arrivé à désirer de tout mon cœur recevoir le Seigneur dans l'Eucharistie, partager Sa vie, Sa mort et Sa résurrection dans des conditions de plénitude que je n'avais jamais connues. L'Ecriture avait repris vie comme jamais et la grâce de Dieu se répandait en moi dans sa pleine grandeur en l'Eglise Catholique. D'abord méfiant, j'étais devenu curieux puis impatient de connaître plus d'intimité et avec les saints pour pouvoir connaître et aimer Jésus toujours plus. Finalement le 27 Janvier 2002 cette longue gestation prit fin et je revins à la pleine communion avec l'Eglise en recevant l'Eucharistie à l'église St Antoine de Jaffa. Depuis, ce fut pour moi comme une lune de miel avec le Seigneur, en redécouvrant Sa puissance sanctifiante d'une manière nouvelle et authentique par les Sacrements et en faisant l'expérience de Sa paix et de Sa joie comme jamais. Combien de pans entiers de la vérité m'étaient restés cachés alors que j'étais un non-Catholique sincère mais désinformé. Que Son Nom Tout-Puissant soit loué pour les richesses inépuisables qu'Il m'a données depuis !

Un défi pour les Catholiques

Le Corps du Christ est en face de challenges très importants au seuil du XXIème siècle. La Bonne Nouvelle est attaquée de toutes parts, par le libéralisme, l'humanisme laïc, le matérialisme, le mondialisme et le fondamentalisme islamique pour ne citer que quelques uns des adversaires. Jamais n'avons eu une telle responsabilité en étant « lumière du monde » au nom du Messie. Plus que jamais, il nous faut rester unis pour assumer une telle tache.

Et les Catholiques sont peut-être ceux à qui revient la plus grande part de responsabilité. A ceux à qui il a été beaucoup donné il sera demandé davantage. Notre foi est plus précieuse que l'or et c'est au sein de l'Eglise Catholique que je découvris les richesses dont est revêtu le Messie. Et pourtant tant de Catholiques sont spirituellement des clochards en guenilles, qui ignorent qu'ils ont un million de dollars à la banque. Etant particulièrement conscient de la faiblesse et des problèmes actuels de l'Eglise Catholique aujourd'hui, mon retour n'a pas été sans réserves, malgré tous les trésors que j'y retrouvais. Les Evangéliques et les Messianiques tirent souvent des bénéfices spirituels plus grands avec beaucoup moins, alors que les Catholiques auraient tant de fruits à tirer de leur foi en l'approfondissant.

S'il y a eu cette réforme à l'origine de l'explosion de la Chrétienté en ce qui est maintenant des milliers de factions indépendantes, c'est qu'il y eu des raisons. Elles découlent des abus et des faiblesses accumulées par l'Eglise Catholique pendant des siècles. Les Catholiques doivent se réveiller et prendre conscience qu'il y a des raisons légitimes au départ de ces millions de personnes qui cherchent Dieu et ont quitté l'Eglise Catholique dans les dernières décennies pour trouver le Christ chez les Evangéliques, les Eglises du Renouveau Protestant. Les Catholiques ne peuvent se permettre d'ignorer ce fait ou pire d'adopter une attitude de dédain contempteur. Jésus nous a dit de retirer d'abord la poutre qui est dans notre œil avant de regarder la paille dans l'œil de notre frère. Je pense que le temps est venu pour les Catholiques de se tourner humblement vers leurs frères Evangéliques pour rendre grâces de ce que ceux-ci font pour le Royaume de Dieu. Ils méritent d'être considérés et remerciés pour leur vibrante réponse à l'appel du Seigneur. Nous devons reconnaître nos limites et nous inspirer de leurs vies offertes, de leur foi ardente, de leur assiduité à scruter l'Ecriture, de leur enthousiasme et de leur passion pour la Bonne Nouvelle.

Dans un monde perdu, les gens ont besoin d'une relation à leur Père des Cieux qui soit chaude et aimante. Ils ont besoin de l'Esprit du Dieu pour qu'ils soient touchés et guéris. Ils ont besoin de la Parole de Dieu comme fondation pour leur vie, garante d'une résistance efficace contre les tempêtes de scepticisme, du rationalisme ou du libéralisme. Des rites religieux dont on aurait banni ces éléments ne feront jamais l'affaire. Les Catholiques doivent d'abord et en priorité bâtir leur religion sur cette relation à un Dieu vivant qui les aime au point d'avoir envoyé son propre Fils pour qu'il meure pour eux. Tout Catholique devrait implorer dans une prière intense et passionnée venant du cœur la puissance du Saint Esprit qui renouvelle et ne jamais se contenter de réciter mécaniquement de simples mots écrits. Les Catholiques doivent lire, étudier et connaître la Bible pour l'appliquer dans leur vie et ainsi faire l'expérience de l'espérance qui peut naître d'un appel de Dieu, des richesses de gloire qu'il nous laisse en héritage dans les vies de saints et de son incommensurable puissance à notre égard, à nous qui mettons notre foi en Lui.

Beaucoup d'Evangéliques sont inquiets de ce que l'Eglise Catholique puisse être acceptée dans une sorte de panthéisme œcuménique où tout parcours spirituel serait acceptable à l'exception du « Christianisme Biblique ». Cette préoccupation est alimentée par les occasions où le Pape se montre avec d'autres chefs religieux, dans une sorte d'apparente tendance New-Age où des Catholiques déclarent parfois que des gens peuvent trouver le salut à travers d'autres religions et manifestent une grande prudence à ne pas vouloir évangéliser. Bien entendu ces craintes sont totalement infondées sur un plan doctrinal. Il n'y a pas d'Eglise qui soit restée aussi fidèle à la Vérité de l'Evangile sans jamais admettre aucun compromis que l'Eglise Catholique. Et celle-ci n'acceptera jamais d'être mêlée à un mic-mac Nouvel Âge. Les Catholiques doivent donc ne par hésiter à répéter que « Jésus est le chemin, la vérité et la vie, et que personne ne peut aller au Père sans passer par Lui » Jn 14,6 Le Catéchisme de l'Eglise Catholique confirme ceci : « Croire en Jésus-Christ et en Celui qui l'a envoyé pour notre salut est nécessaire pour obtenir ce salut (cf. Mc 16, 16 ; Jn 3, 36 ; 6, 40 e.a.). Parce que 'sans la foi (...) il est impossible de plaire à Dieu' (He 11, 6) et d'arriver à partager la condition de ses fils, personne jamais ne se trouve justifié sans elle et personne à moins qu'il n'ait 'persévéré en elle jusqu'à la fin' (Mt 10,22 ; 24,13), n'obtiendra la vie éternelle » (CEC, 161). Et c'est pour cela que les Catholiques ont le devoir de prendre au sérieux Jésus quand il dit « Allez et de toutes les nations faites des disciples » Mt 28,19. Evangéliser n'est pas une invention des Protestants !

Quant aux relations avec le peuple Juif, les Catholiques doivent continuer le chemin de repentance positif initié par Jean-Paul II et prendre pleinement conscience de tout ce qui a été honteux dans l'attitude de l'Eglise à l'égard des Juifs au cours de l'histoire. Il y a encore fort à faire dans ce domaine. Toute trace d'anti-sémitisme ou de « théologie du remplacement » doit être éradiquée de l'Eglise et faire l'objet d'une réelle repentance. A l'inverse il faut réaffirmer le choix irrévocable par Dieu, d'Israël comme peuple élu. Plus encore, des études approfondies permettant de mieux comprendre le Judaïsme seraient extrêmement profitables à tous les Catholiques. Dans ce domaine, laissons-nous guider par nos frères Evangéliques. J'espère de tout mon cœur que l'Eglise Catholique finira par suivre leur exemple courageux en convenant que Dieu a promis au peuple d'Israël de leur donner la terre d'Israël. Et, en attendant, nous pouvons nous réjouir que de plus en plus de Juifs en viennent aujourd'hui à reconnaître leur Messie et que la communauté Messianique soit en expansion en Israël. Cependant, si la tendance actuelle continue, alors le Corps juif du Christ sera Protestant avant que Yeshua revienne. Les Catholiques doivent réaliser que ce n'est pas en embrassant des statues et en adorant Marie mais bien plutôt par une connaissance solide des Ecritures, une prière fervente et un amour loyal pour leurs « frères aînés dans la foi ».

Si les Catholiques sont prêts à changer, à devenir humbles, à découvrir les trésors de l'Ecriture et à chercher Dieu de tout leur cœur, je suis persuadé que non seulement ils en tireront des fruits personnels incroyables, mais aussi qu'ils auront par là participé à restaurer l'unité perdue du Corps du Christ. Et les Protestants verront alors que tout ce qu'ils ont de bon chez eux est aussi présent dans l'Eglise Catholique.

Quoique fondamentalement différents, les challenges qui se posent aux non-Catholiques sont également de taille. Les Evangéliques, comme les Messianiques, malgré toutes leurs qualités, doivent se garder de croire avec présomption qu'ils sont les seuls au monde à défendre Yeshua. Je les mets au défi de regarder avec sérieux les argumentations présentées ci-dessus et de prier le Seigneur de leur révéler les attitudes qui ont provoqué les déchirures du Corps du Christ. Je demande également avec vigoureuse insistance à mes amis Evangéliques et Messianiques non seulement d'abandonner ces préjugés que répandent des anti-catholiques sincères mais mal informés, mais aussi de (re) découvrir les richesses inouïes du Christianisme dans l'histoire et que nous avons reçues de notre Messie Juif lui-même et de ses apôtres Juifs. Il est tragique en effet que ces richesses aient été finalement perdues chez les Evangéliques et les Messianiques malgré leur intention commune de revenir à « l'Evangile juif des origines ». Et je m'adresse à tous ceux qui veulent naïvement et sincèrement retrouver un Judaïsme complet et mature (mais qui sont prêts à en payer le prix), essayez cette adresse qui vous surprendra : Rome. Comme le synthétise Rosalind Moss : « On ne peut être plus Juif qu'en étant Catholique ». Qui plus est, Yeshua veut que nous le rencontrions non seulement dans sa Parole et son Esprit mais aussi par les Sacrements. Il manquera toujours quelque chose d'absolument capital à notre foi si nous n'avons pas l'Eucharistie, le pain vivant, corps offert de notre Agneau Pascal, ou si nous nous contentons d'un « repas mémorial ». Pour finir j'aimerais tant et donc j'encourage tout croyant à mieux connaître notre Maman du Ciel et toute notre sainte famille dans l'au-delà. Loin de blesser notre Père ou n'entrer en compétition avec notre amour pour Lui, comme je le pensais jadis, notre communion avec eux est la plus parfaite expression de l'Amour de Dieu qui s'exprime entre les membres de Sa grande famille. Une plus grande intimité avec Sa famille ne peut que vous rapprocher davantage le Lui, votre Père, votre Rédempteur et Sauveur.

Je prie que nous soyons tous prêts à déposer nos idées et nos représentations préconçues pour recevoir chacun ce que l'autre a à nous apprendre. Que nous ayons le courage et l'humilité d'admettre que notre compréhension du Dieu ne peut être qu'imparfaite et qu'elle est parfois même entachée d'erreurs. Que nous cherchions Sa Face et que nous l'aimions de tout notre cœur de toute notre âme de toute notre intelligence et de toutes nos forces. Yeshua a prié ainsi pour son Corps mystique sur la terre : « Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu'ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m'as envoyé. Et moi, je leur ai donné la gloire que tu m'as donnée, pour qu'ils soient un comme nous sommes UN : moi en eux, et toi en moi. Qu'ils deviennent ainsi parfaitement un, afin que le monde sache que tu m'as envoyé, et que tu les as aimés comme tu m'as aimé. » Jn 17,21-23. Que nous continuions notre quête de la vérité et de l'unité ensemble, afin que le monde puisse Le voir et Le connaître à travers nous qui sommes son Corps sur la terre.

André Villeneuve est professeur agrégé d'Ancien Testament et de langues bibliques au Grand Séminaire Sacré-Cœur de Détroit, Michigan. Il a obtenu son doctorat à l'Université hébraïque de Jérusalem et sa licence en Écriture Sainte auprès de la Commission Biblique Pontificale à Rome. Il est l'auteur de Divine Marriage from Eden to the End of Days (2021) et directeur de Catholiques pour Israël.

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